« La lecture distingue le lecteur de la foule »  Félix Mbetbo

Nous devons ouvrir notre esprit à la réflexion, à la pensée, comme nous offrons nos corps au manger au boire et au faire

 Bonjour , M Mbetbo

blogueur, concepteur-rédacteur, » influenceur web », planeur  stratégique , jeune auteur… que de titres liés à l’écriture , l’observation des mœurs de notre société , Pourquoi ne pas tout simplement vivre de l’écriture sous la casquette d’auteur uniquement ? 

Félix Mbetbo auteur de  » La République Du Piment »

Si vous relisez “la croix du sud” de Joseph Ngoué, vous allez vous souvenir de ce personnage marquant de la pièce qui disait avoir “dépoétisé” sa vie pour réussir sa carrière. Il voulait tout simplement dire qu’être amoureux des belles lettres c’est bien mais il faut pouvoir nourrir son homme. Le Malheur c’est qu’au Cameroun, il manque encore cruellement de possibilités pour les artistes de vivre de leur art. Il est rare  qu’une personne se présente comme écrivain, vivant pleinement de son activité. Nous sommes tous des écrivains à temps perdus, jamais presque à plein temps. On est d’abord ceci ou cela avant d’être écrivain. Donc il n’est pas envisageable pour une personne ici, encore moins un jeune, de tout abandonné pour sa seule vie d’écrivain. Ce qui est plutôt dommage et regrettable.  

 

 

Dans une interview vous avez dénoncé le manque de critique littéraire au Cameroun, selon vous est ce dû à la prédominance d’une génération de faussaire qui n’accorde aucun ou alors peu d’intérêt à une littérature riche de questions existentielles ?

C’est un constat qui ne souffre d’aucune réelle contestation. J’ai pu faire cette remarque, mais j’ai l’impression que le manque de critique littéraire ne manque à personne. C’est dire qu’on ne sait même pas à quoi ça sert. Et c’est peut-être normal, déjà qu’on n’a véritablement pas de culture littéraire au Cameroun. Les gens écrivent tous les jours, les livres sont publiés en quantité, mais aucun mécanisme n’est mis sur pied pour créer un véritable système. Dans lequel la critique littéraire est primordiale. Je me demande encore où vont et où sont tous ces étudiants qui sortent des facultés de lettres dans nos universités.  

 

 

« La République du piment  » dénonce ce que nous savons tous tout bas choisissons d’en rire pour certains , pleurer pour d’autres mais nul n’agit quel impact souhaitez vous avoir auprès des lecteurs ?

Je veux provoquer l’esprit des gens. Car j’ai l’impression que chez nous on ne s’intéresse plus à rien qui touche à l’esprit. Si les esprits ne sont pas éveillés, ils ne peuvent pas se questionner, et s’ils ne se questionnent pas ils ne pourront pas s’étonner, et s’ils ne s’étonnent pas ils prendront toujours des faits inquiétants pour de la banalité. Et c’est ce que nous vivons actuellement. Nous devons ouvrir notre esprit à la réflexion, à la pensée, comme nous offrons nos corps au manger au boire et au faire

Nous devons ouvrir notre esprit à la réflexion, à la pensée, comme nous offrons nos corps au manger au boire et au faire

La littérature au Cameroun débute en pleine période coloniale et connaît son zénith autour des indépendances avant de connaître une période d’essoufflement, puis un regain de vigueur ces derniers temps.

Puisque nous voyons de plus en plus de jeunes se tourner vers l’écriture 

Mais pour autant est ce que les jeunes camerounais lisent donc ces jeunes camerounais qui écrivent ? Comment  vous écrivain mesurez vous cela si tentez que cela soit mesurable?

Oui vous parlez la de la littérature écrite et conventionnelle, celle que vous situez à la période coloniale. C’est compréhensible dans la mesure où avec le système de l’indigénat, les indigènes étaient inscrits dans le système scolaire colonial et les meilleurs étaient coptés pour devenir l’élite et plusieurs d’entre eux continuaient les études à la métropole. 

Ainsi, la majorité des plus grands classiques de la littérature noire, parle du clivage Blanc/Noir. Dans les années 60, la littérature africaine était véritablement un mouvement : des livres de qualité, des circuits de distribution fiables, , des éditeurs sérieux, des librairies de choix, des revues littéraires régulières, des prix littéraires sérieux, des conférences-débats internationaux constants, des émissions radios et télés, etc…Aujourd’hui plus rien ne fonctionne comme il faut. Il faut tout refaire, tout réinventer. Il existe bien des auteurs, aussi bien que des lecteurs, mais la quantité est insignifiante et la qualité déplorable

 

Comment nous lecteurs  devons nous reconnaître un écrivain du Hilton. Comme le dit Mr Tsimi Essono eric sur germinalnewspaper.com d’un écrivain de qualité ? 

On déplore les mauvais auteurs, mais sommes nous déjà des bons lecteurs ? Quels types de lecteurs sommes nous ? Quand vous avez de lecteurs exigeants, vous ne pouvez pas leur servir de la soupe littéraire. Mais comme nous savons que les lecteurs eux-mêmes sont légers et superficiels, on rend notre plume légère et superficielle. Quand vous lisez « qu’est ce que la littérature » de Jean Paul Sartre, il vous explique que c’est le lecteur qui donne vie à l’œuvre. Ainsi, les lecteurs n’ont que les auteurs qu’ils méritent. 

Le 12 août prochain vous organisez la rencontre nationale des jeunes auteurs à quoi devons nous nous attendre ? 

C’est un rendez-vous sans précédent dans le domaine au Cameroun. Il va donner l’opportunité aux jeunes auteurs de se connaitre, d’échanger entre eux et avec le public qu’on espère nombreux. Chez nous on donne les moyens d’expressions à tous les artistes sauf aux auteurs, encore moins aux jeunes. Ce sera un rendez-vous du donner et du recevoir de la pensée. On va poser les bases de réflexion du comment nous pouvons faire du Cameroun un pays de lecteurs. 

 

Quels auteurs seront présents?

Les jeunes auteurs de tous les horizons. Ils viendront de Paris, de Douala, de Yaoundé, de Bafoussam, de Bangangté…de partout. 

Quelles thématiques abordent ils dans leur ouvrage ?

Ce sont vraiment des auteurs de toutes les catégories. Des romanciers, des essayistes, des poètes, des biographes, et des auteurs parallèles. Ce sont des blogueurs, des journalistes, et des fans de l’écriture solitaire. 

Donc chacun a des thématiques singulières. Mais ils ont tous une seule chose en commun : le désir d’écrire et de décrire le Cameroun qu’ils voient et souhaitent voir. C’est donc une communauté de jeunes inventeurs du futur. 

 

Existe t il au Cameroun une politique culturelle qui boosterait le marché de la littérature tant sur la qualité que la quantité ? 

je pense plutôt qu’il existe une politique pour boucher ce marché. 

 

La lecture distingue le lecteur de la foule, et lui donne des idées neuves qui feront de lui un être peu ordinaire

Nous arrivons au terme de notre entretien , à ceux qui préfèrent le livre digital au manuscrit traditionnel que leur dites vous ? 

Chacun a ses goûts. Tout dépend du comment chacun a connu son amour avec le livre. Tout dépend de l’esprit, de l’humeur, du caractère et de l’attitude de tout un chacun. Y’en a aussi qui préfèrent des livres vieux au livres neufs. C’est assez subjectif. En ce qui me concerne, le livre digital m’ennui. 

 

 

À ceux qui ne lisent tout simplement pas pourquoi selon vous devraient ils se mettre à la lecture ? 

Toutes les études sérieuses issues des plus grands laboratoires de recherches en sciences humaines démontrent que la lecture est bonne pour la santé de l’esprit et rend heureux. On doit lire si on veut aspirer à une vie différente de celle que nous menons. La lecture distingue le lecteur de la foule, et lui donne des idées neuves qui feront de lui un être peu ordinaire. On ne peut pas dire aux gens ce qu’ils gagnent en lisant, il faut qu’ils choisissent eux-mêmes de lire et vont faire l’expérience d’eux-mêmes. 

 

Ne vous conformez pas au siècle présent. Tout est dit ! La mode, la tendance, nous dictent des codes qui n’ont pour but que de nous fondre dans la masse et abrutir nos capacités.

Et enfin aux lecteurs majeurs et vaccinés pourquoi devraient ils lire Camerounais ?

Je ne pense pas qu’on puisse exiger à un lecteur ce qu’il doit lire. On doit tout lire, car tous les livres sont bons à lire, surtout les bons livres. Le livre doit d’abord toucher l’esprit, le cœur et l’âme du lecteur. Même s’il est d’un auteur chinois ou arabe. On ne doit pas demander aux gens de lire camerounais même si ces livres ne sont pas de qualité. Chacun doit pouvoir lire ce qu’il veut. D’une manière ou d’une autre quand un livre est bon il s’impose. Que les camerounais écrivent de bons livres et ils seront lus. 


Si nous aimons vos réponses où peut on vous suivre afin de rester connecte sur vos actualités ? 

 

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Le livre doit d’abord toucher l’esprit, le cœur et l’âme du lecteur. 


Avez vous un message à  passer la  jeunessedumboa du mboa ?

Je vais essayer de parler comme Paul dans ses épitres : ne vous conformez pas au siècle présent. Tout est dit ! La mode, la tendance, nous dictent des codes qui n’ont pour but que de nous fondre dans la masse et abrutir nos capacités. Par manque de personnalité, plusieurs jeunes n’arrivent pas à se distinguer. Pour se faire accepter des autres ils veulent faire comme eux. 

Il faut être capable d’agir et de penser autrement. Mais cela nécessite une attitude d’esprit, une posture, qui ne naît qu’à travers d’énormes sacrifices au quotidien. 

Le plus grand sacrifice étant de consacrer 7 heures par semaine à la lecture. 

Merci 

                                                                                     Catherine Assogo 

 

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