« J’use de toutes mes compétences pour me démarquer. » – Fidjil, fondateur de THARA TV

Yannick Benoit Anyouzoa aka Fidjil, journaliste TV sur Equinoxe et rappeur a décidé de lancer THARA.TV, une web TV qui promeut la culture urbaine camerounaise. Il parle de sa motivation et des obstacles rencontrés...

Bonjour M. Fidjil. Vous avez lancé le web TV, THARA TV le 31 Mars 2017. Mais avant, vous étiez journaliste TV notamment sur Canal International, ensuite Equinox TV… Qu’est-ce qui vous a motivé à laisser la télévision pour vous tourner vers le web ?

Salut à la team « JEUNESSE DU MBOA » et merci pour l’intérêt que vous portez pour ma petite personne et mon petit projet de web tv THARA.tv. Alors pour votre gouverne je n’ai pas laissé la tv, je bosse toujours chez EQUINOXE TV, le media qui m’emploie depuis plusieurs années aujourd’hui et qui me permet de gagner en expérience au fil du temps. Aussi je suis animateur de radio et TV HOST dans ce media, je n’ai pas la prétention d’être un journaliste, bon ! Nous sommes au Cameroun, et c’est par abus de langage que l’on décerne la casquette de journaliste à un tel ou a un tel autre. Pour répondre à votre question sur ma motivation de mettre sur pied une web tv, je vous dirais que tout part de mes passions pour la musique (le rap), le media, la mode (life style) et le monde digital qui s’offre gratuitement à nous. J’ai voulu rassembler toutes mes passions dans un univers qui pourrait intéresser mais surtout servir à bien des personnes, bien de mouvements et bien des communautés qui se retrouvent dans toutes mes passions, mais c’est aussi parce que je voulais développer cet esprit entrepreneurial qui m’habite depuis des lustres.

Quels ont été ou sont les obstacles rencontrés durant le déploiement de THARA TV, tant sur le terrain que sur le net ? Et quelle(s) solution(s) avez-vous trouvé pour palier à ça ?

Ah ca ! vous ne croyez pas si bien le dire quand vous parlez d’obstacles, encore que nous sommes au cameroun.Bah des obstacles j’en connais pas mal que ce soit sur le terrain que sur le net… Sur le terrain, humainement parlant je fais face à des jalousies, des découragements, du manque de confiance, de l’aigreur, des coups bas, de la trahison et autres…Mais bon, j’ai vu pire ! Professionnellement parlant, les banques au Cameroun ne font pas trop confiance aux jeunes qui aimeraient s’investir dans des projets comme le nôtre et donc l’autre obstacle est financier. Mon financement jusqu’ici vient de mes petites économies et des bizness parallèles que j’entreprends et dans la moindre mesure le coup de main d’une personne qui m’est très chère. Aussi le matériel que je n’ai pas à ma disposition pour produire les programmes est un véritable obstacle, je suis obligé soit de louer le matériel de tournage, ou encore développer des partenariats avec des particuliers. La production coûte chère au Cameroun, surtout quand tu es jeune et quand tu es indépendant, mais bon, mon « petit nom de FIDJIL » me permet parfois d’ouvrir certaines portes et de bénéficier de certaines faveurs, auquel cas, je « jongle » comme tout bon kmer en faisant parler mon sens de l’imagination.

Digitalement parlant, le net, les datas au Cameroun coutent très cher et ça, c’est un obstacle pour mon bizz, encore que la qualité d’internet n’est pas trop ça…Mais bon on gère, vu que la passion est le carburant qui me maintient toujours debout et qui me permet de repousser mes limites.

Comment comptez-vous réussir à vous démarquer des chaines TV musicales tant adulées par les jeunes Camerounais ? D’ailleurs, pourquoi les spectateurs devraient regarder un web TV plutôt qu’une chaine TV ?

Je ne vais pas tout vous dévoiler ici car il s’agit là des questions très stratégiques dans un milieu très concurrentiel comme le nôtre. Tout ce que je sais c’est que je m’appelle FIDJIL, je suis un homme de media qui à la base rappe (donc je connais le terrain sur lequel je joue), j’ai des petits contacts ici et ailleurs, un modeste carnet d’adresses et je suis visionnaire…Bref j’use de toutes mes compétences pour me démarquer.

Pourquoi les web spectateurs doivent regarder une web tv aujourd’hui qu’une tv traditionnelle ? et bien c’est parce que c’est sur la toile que tout se passe désormais. Le Cameroun est constitué majoritairement de jeunes et la quasi-totalité détient un Smartphone et prend pour argent comptant ce qu’il lit, écoute et regarde sur internet que ce qu’il écoute, voit et regarde sur nos médias traditionnels. Aujourd’hui, les jeunes ne lisent pas la presse écrite, ne regardent pas beaucoup nos chaines de tv locale et n’écoutent plus beaucoup la radio, du moins nos radios locales, mais où sont-ils ces jeunes ? Ils sont sur internet…Mais que foutent-ils sur internet ? Ils écoutent lisent et regardent tout et même ce qu’il ne faut pas. C’est la raison pour laquelle nous devons créer des contenus pour les chercher sur internet et les orienter vers ce qu’il y a de meilleur sur internet. Aujourd’hui les web médias se développent sur la toile (web radio, web tv, web press) ce sont les médias de demain que certains pays d’Afrique ont compris…L’occident a une longueur d’avance sur nous, car les médias et certains organismes ont compris la nécessité pour eux d’avoir une web tv (le cas de TF1 et mytf1.fr et la web tv de l’ONU)…Ce n’est pas peut-être pour aujourd’hui, mais comme je vous ai dis plus haut je suis un visionnaire.

Certes il y a encore du chemin à faire mais les web media camerounais sont sur la bonne voie.

Quel est votre avis sur le paysage audiovisuel actuel au Cameroun ? Et selon, quelles sont les choses à améliorer dans ce domaine ?

Bah le paysage audiovisuel est très diversifié au Cameroun, la pluralité des médias prouve qu’il y a une liberté d’expression, ce qui est cool. Aujourd’hui, il y a un véritable bouquet camerounais, on a la chance aujourd’hui de zapper, de préférer une chaine qu’une autre, de se fidéliser à un programme…

Mais ce qui me pose problème c’est la vision de certains patrons de media qui ne tient pas toujours la route…Toutes les chaines aujourd’hui sont généralistes, toutes les chaines aujourd’hui font la politique, toutes les chaines aujourd’hui produisent des programmes, peu respectent la déontologie, nombreux ont des contenus qui ne tiennent pas la route, peu respectent leur ligne éditoriale, peu proposent des contenus alléchants, nombreux font du commerce…Il n’y a pas de chaines spécialisées et aujourd’hui tous se plaignent du taux de pénétration des chaines étrangères qui sont adulées par les camerounais. Citez moi une chaine spécialisée sport à part RSI, citez moi une chaine musicale à part BOOM TV…Normal que TRACE gagne du terrain au Cameroun.

Ce que je propose brièvement c’est que les patrons de chaines pensent à spécialiser leur media dans divers domaines, il n’y a pas que la politique dans la vie, aussi les médias doivent dealer avec des agences qui doivent fournir des contenus externes bien élaborés aux standards internationaux et alléchants…

 

Qui sont vos modèles camerounais dans l’Audiovisuel et pourquoi eux ?

Mon premier modèle c’est mon boss, le patron du groupe EQUINOXE, car je m’inspire beaucoup de lui (il ne le sait pas) dans le sens de l’entrepreneuriat, du management et de la vision…C’est un journaliste à la base, ce qui sous-entend qu’il sait sur quel terrain il joue, il sait où il va…Il est à la tête d’un groupe (NOUVELLE EXPRESSION, EQUINOXE RADIO, EQUINOXE TV),je me vois dans 10 ans comme lui, c’est-à- dire patron d’un groupe de media digital (THARA TV, THARA Fm, THARA KAMER PEOPLE)…Je peux dire que nous avons des atomes crochus.

Mes autres modèles sont MARTIN CAMUS MIMB, CYRILLE BOJIKO, BRICE ALBIN, LAURA DAVE et ATOME, car ce sont tous des hommes de media à la base mais aussi des jeunes chefs d’entreprise qui nous montrent au quotidien que tout est possible au pays, surtout pour les jeunes si on cultive l’effort, la patience, le courage et le sacrifice.

THARA TV se veut de proposer une nouvelle façon de regarder la télé sur le net… Pensez-vous que l’avenir de l’Audiovisuel au Cameroun est possible sur le web ? Si oui, quels pourraient être les enjeux d’une telle évolution ?

Oui ! L’avenir de l’audiovisuel est possible sur le net au Cameroun si l’on ne nous supprime pas internet (lol) et si la qualité de la connexion s’améliore, je veux dire que si partout dans le monde les web médias sont une réussite pourquoi pas en Afrique en général et au Cameroun en particulier ? Les web médias génèrent des sous…sous d’autres cieux les youtubeurs gagnent bien leur vie. Les entreprises ont compris qu’elles doivent communiquer sur leurs marques et leurs produits sur du digital, car il y a une toute autre cible sur le net qu’elles devraient atteindre. Peu d’artistes aujourd’hui au Cameroun vendent des disques sur des plateformes digitales et ont compris l’intérêt d’avoir une chaine YouTube, ils ont aussi compris l’importance de se faire diffuser sur les web media, ce qui n’était pas possible il y a quelques années. Certes il y a encore du chemin à faire mais les web media camerounais sont sur la bonne voie.

Enfin pour terminer, auriez-vous un message à passer aux jeunes Camerounais qui nous lisent ?

Merci tout d’abord pour l’intérêt que vous portez pour moi et mon projet, ça prouve que ce que l’on voit nos efforts quelque part. Courage à vous car après avoir fait des recherches sur vous je constate que comme moi vous êtes aussi jeunes et dynamiques et que vous avez de la vision dans le domaine dans lequel vous excellez.

Pour la jeunessedumboa, je sais que c’est dur pour nous mais personne ne viendra jamais rien faire à notre place, c’est le moment de prendre des initiatives et de ne pas avoir peur d’affronter la vie et ses obstacles. Osons, créons, proposons, patientons, travaillons sans relâche, échouons mais continuons en apprenant de nos propres erreurs, conjuguons tous nos efforts car « DEMAIN C’EST NOUS ET DEMAIN C’EST AUJOURD’HUI ET MAINTENANT » Be strong and keep the faith in GOD.

 

 Réalisée par Kate Mouliom

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