MEDICAFRIK : « Au Cameroun, on ne donne pas l’argent à quelqu’un pour se faire soigner… » Marc Mbieleu

le but est de s’assurer que les fonds soient utilisés pour l’objectif premier, qui est de se soigner et, également pour éviter des complications sanitaires et d’autres dépenses additionnelles.

La prise en charge des malades reste encore de nos jours une situation très préoccupante au Cameroun. Ce n’est d’ailleurs un secret pour personne qu’il faille jouir d’un portefeuille assez consistant, pour bénéficier d’une attention particulière de la part des médecins.

S’acquitter des frais de session avant toute chose, faute de quoi, le malade ne pourra être pris en charge. Des exemples de cet ordre sont légion. On a encore en mémoire ces nombreux cas qui ont enfiévré les médias. La plupart du temps, les malades attendent le concours d’un frère qui vit en Europe, et quand bien même celui-ci arrivait, il se faisait tard.

C’est dans le but de remédier à cet épineux problème que Marc Mbieleu a lancé MEDICAFRIK, afin d’améliorer la prise en charge rapide des cas préoccupants dans les hôpitaux. MEDIACAFRIK est une plateforme qui permet aux membres de la diaspora de payer directement auprès des établissements sanitaires partenaires, les soins de santé de leurs proches en un clic.

Installé en Europe depuis de nombreuses années, Marc Mbieleu est un entrepreneur dans l’âme. Pour lui, chaque projet est une aventure passionnante et enrichissante, surtout lorsque celui-ci place l’humain au centre. À la fin de ses études à l’université de Buea, il lance avec des amis une agence spécialisée dans l’évènementiel. De cette première expérience entrepreneuriale, il en garde de beaux souvenirs.

Plus tard, il va déposer ses valises en Afrique du Sud où il va étudier les sciences humaines, avant de terminer sa formation en France. Aujourd’hui spécialisé dans le management, il partage son expertise avec les entreprises et les entrepreneurs. Pour mieux comprendre le projet MEDICAFRIK, Marc Mbialeu a accordé une interview à #JDM.  

Pourquoi avoir choisi l’option de prépaiement au niveau des établissements de santé, plutôt que de permettre aux personnes en difficulté de rentrer elle-même en possession de l’argent ?

En tant que membre de la diaspora, l’une des difficultés rencontrées est l’utilisation effective des fonds envoyés à nos proches. Quelqu’un m’a dit un jour : « Au Cameroun, on ne donne pas l’argent à quelqu’un pour se faire soigner… » Comme pour dire que la personne se rendra rarement dans un centre de santé, préférant utiliser les systèmes « D » pour se faire soigner, et fera autre chose avec les fonds envoyés. Donc, le but est de s’assurer que les fonds soient utilisés pour l’objectif premier, qui est de se soigner et, également pour éviter des complications sanitaires et d’autres dépenses additionnelles.

De manière simple, est-ce que cette plateforme n’est pas juste un moyen permettant à la diaspora de ne plus se faire avoir par les membres de leurs familles, qui parfois simulent la maladie juste pour avoir de l’argent ?

Ça va plus loin que ça ! Oui, effectivement elle permettra à la diaspora de réduire cela.  Cependant, elle permet aussi aux proches au Cameroun d’avoir accès aux soins de santé de manière rapide, peu importe l’heure. Et surtout sans avoir à payer quoi que ce soit, car ceux-ci ont déjà été payés par le client. Vous savez aussi bien que moi qu’au Cameroun, si vous n’avez pas d’argent, vous ne bénéficiez pas de soins.

Ainsi, les urgences pourront être gérées beaucoup plus simplement, juste en un clic. On va encore plus loin en permettant au patient de continuer de bénéficier des soins même si le montant envoyé est arrivé à épuisement. Car la clinique au nom de MEDICAFRIK n’arrêtera pas les soins.

La facture sera envoyée plus tard au client pour règlement. Nous permettons également au client de suivre l’état d’avancement de la prise en charge des soins du proche. Pour cela, nous mettons à sa disposition, le reporting des différentes factures. Grâce à cette approche, le patient est plus serein. Il n’a plus à s’inquiéter du règlement des factures, et peut se concentrer sur sa guérison.

Aussi, avec MEDICAFRIK, plus besoin d’attendre qu’un point de retrait d’argent soit ouvert pour avoir accès aux fonds ou alors, plus besoin d’avoir un intermédiaire qui fera le retrait à la place du patient, si celui-ci est en incapacité. Le patient n’a qu’à se rendre sereinement à l’établissement de santé, peu importe l’heure dès que le SMS a été reçu. Et avec MEDICAFRIK, pas de surprises, car les prix pratiqués par les différents établissements de santé sont disponibles sur notre plateforme, donc on sait ce pour quoi on paie. Notre but est de faciliter l’accès aux soins pour tout camerounais.

Pour une telle initiative, il faut bien le concours des établissements sanitaires au Cameroun, combien avez-vous déjà dans votre base de données? Sont-ils plus nombreux dans le privé que dans le public ?

Aujourd’hui, on dénombre vingt établissements sanitaires dans notre réseau, et tous sont issus du privé. Il est un peu plus difficile de travailler avec les établissements de santé du public vu notre modèle économique. Cependant, nous y réfléchissons pour un futur proche.

Quelle est votre appréciation concernant le nombre d’hôpitaux recensé dans votre base de données ? Êtes-vous satisfait ou pensez-vous qu’il y a encore du chemin à faire ?

Concernant le nombre d’établissements de santé dans notre base de données, on est encore loin du compte au vu de nos ambitions. C’est la raison pour laquelle MEDICAFRIK Cameroun va ouvrir ses portes très bientôt afin de favoriser le recrutement de nouvelles cliniques dans notre réseau.

Sur quelle base choisissez-vous vos hôpitaux partenaires ?

Aujourd’hui, il faut comprendre quelque chose concernant MEDICAFRIK. Notre but est de faciliter l’accès aux soins à tout camerounais, et surtout être un acteur de premier plan dans la prise en charge qui est capitale pour un patient. C’est la raison pour laquelle, tout établissement de santé qui soit légal au Cameroun, peut faire partie du réseau MEDICAFRIK.

Notre objectif n’est pas de faire en sorte qu’un patient passe un mois d’hospitalisation dans une clinique partenaire. Non, notre but est d’assurer la première prise en charge, de stabiliser l’état du patient et ensuite, le patient peut changer d’établissement de santé et se rendre par exemple dans le public où c’est beaucoup moins cher pour la suite des soins.

Pourquoi avoir ciblé uniquement la diaspora, pourtant il y a des personnes vivantes en Afrique, même si elles sont dans une autre ville qui peuvent aussi prépayer les soins de santé de leurs proches parents?

La diaspora est en fait notre cible de lancement, car dans quelques jours avec notre application qui est déjà disponible sur Playstore et bientôt sur iOS. Il sera aussi possible de faire des paiements avec Mobile Money. Ce qui fait qu’un client à Garoua pourra prépayer les soins de santé d’un proche à Ebolowa sans soucis. Donc, effectivement les personnes vivant en Afrique sont aussi notre cible.

Vous annonciez la mise en place de l’application MEDICAFRIK pour le mois de septembre, est-ce que cela est déjà effectif ? Si oui combien d’abonnés avez-vous déjà ?

L’application est déjà disponible sur Play store, mais pas encore effective ; les créations de comptes sont déjà possibles, et pour le moment nous comptons dix utilisateurs qui ne peuvent pas encore faire de paiement. Mais c’est pour très bientôt. Elle sera disponible sur iOS d’ici quelque temps.

Quelles sont vos prévisions pour les cinq premières années ?

Pour les cinq premières années, nous prévoyons un déploiement de MEDICAFRIK dans d’autres pays africains tels que la Côte d’Ivoire, Congo Brazzaville ou encore l’Algérie en raison d’un pays par année.

Nous prévoyons aussi d’enrichir notre réseau de partenaires avec l’accès aux établissements de santé confessionnels via MEDICAFRIK. Selon nos estimations, on table sur un total minimum de 116 établissements de santé sur 5 ans, à raison de deux établissements de santé par département du Cameroun.

Nous nous voyons aussi être un acteur dans le système de l’assurance mutuelle de santé en repensant le marché, en apportant une solution pratique, moins chère, transparente et accessible.

Nous pensons aussi générer de l’emploi en fonction de la charge des opérations enregistrées. Et pour cela nous tablons sur 150 employés d’ici 5 ans avec l’ouverture des pôles MEDICAFRIK dans chaque région du Cameroun.

Charles Binelli

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