Oser: Être Entrepreneur C’est Avoir Des Boules.

Il faut reconnaître que ce n’est pas facile car si ça l’était, tout le monde serait entrepreneur. On essaie jusqu’à ce qu’on trouve la bonne formule.

Entreprendre permet de s’organiser comme on le veut, se  fixer soi-même des objectifs qui permettent d’adapter son emploi du temps en conséquence. Le fait d’avoir un rythme de travail flexible peut permettre de travailler davantage une journée, pour se libérer le lendemain. En plus d’être son propre patron et de n’avoir peu ou pas de compte à rendre à qui que ce soit, c’est une occasion de rêves en grand de richesse et d’abondance ultime. 

Mais être entrepreneur, ça n’a pas que du bon. Principalement pas au début et encore moins en Afrique! 

Le financement, la législation, le manque de facilités et les flous des différents gouvernements, la fiscalité, la pression, l’incompréhension des parents qui s’attendent à qu’on serre le cou (qu’on porte la cravate) pour être un grand cadre dans une entreprise ou un agent du gouvernement afin d’être respecté et surtout le stress et la solitude que c’est de bâtir un empire. Autant d’obstacles que peut rencontrer un entrepreneur, et la liste est non exhaustive. 

Être une femme c’est déjà assez compliqué. C’est une entreprise éternelle à gérer. Devoir s’occuper d’une famille, la nourrir, la protéger, l’encadrer n’est pas de tout repos. Chez nous à JDM nous reconnaissons que même les mères à plein temps sont des femmes fortes. Elles tiennent entre les mains l’avenir de toute l’humanité de par l’éducation et les valeurs qu’elles transmettent à leurs enfants. 

Si pour un homme entreprendre est similaire à traverser une rivière agitée, pour une femme, c’est carrément la mer à boire. Néanmoins, la traversée en vaut la peine. C’est en tout cas, la conclusion de Vanessa Litti, une jeune Camerounaise qui rêve de balades sur de grands flots autour de sa propre île, et surtout de grands courants de monnaie dans son compte en banque. 

QUI VEUT DU POISSON VA À LA PÊCHE 

Vanessa est la propriétaire d’une start-up appelée FRESHKA POISSONNERIE. Elle propose la distribution de produits de mer frais. Poissons, Crustacées et Mollusques, en boutique comme en livraison à domicile. Pour une start-up, Vanessa n’y est pas allée de main morte. Elle a ouvert deux boutiques en une année en l’espace de quelques mois. Il serait donc intéressant de comprendre les motivations, le mindset et les stratégies qui l’ont animée, sachant que les débuts sont toujours les plus rudes.Passons donc la parole à notre Super Girl du jour. 

Bonjour Vanessa, vous préférez être tutoyée ou vouvoyée ?Je vois déjà la proximité que tu prônes, ce doit être une technique bien utile dans ton business. 

Effectivement, être accessible m’a permis de gagner la sympathie de plusieurs personnes qui sont soit devenues mes clients, mes partenaires ou des commerciaux non rémunérés. 

Non rémunérés ? 

Rires. Évidemment j’ai des commerciaux dans mon équipe que je paie à leur juste valeur, mais je voulais parler de personnes qui parlent de mon business par sympathie, par amitié, par enthousiasme pour mon business ou pour ma personnalité. 

Vanessa, parlons de cet enthousiasme. As-tu le même engouement qu’ au début ? 

Je dirai que j’ai toujours le même engouement mais il connaît des fluctuations. En fonction des obstacles auxquels je fais face. 

L’entrepreneuriat ce n’est pas pour les faibles , Que penses tu de ce postulat ?

Effectivement, il faut être très déterminé, motivé et persévérant. Et même les jours où on a pas de motivation, il faut y aller quand même. Il faut reconnaître que ce n’est pas facile car si ça l’était, tout le monde serait entrepreneur. On essaie jusqu’à ce qu’on trouve la bonne formule. 

Tu as lancé tes activités en 2021. Ouvrir deux boutiques en un an, c’était la bonne formule pour toi ?

Avec le recul, je crois que c’était une bonne formule, mais ce n’était pas la meilleure. Si c’était à refaire, j’ouvrirais la boutique de Yaoundé beaucoup plus tôt que celle de Douala. Je prendrais vraiment mon temps pour gagner en visibilité et avoir un portefeuille client conséquent pour Douala. Mais voilà, on apprend sur le terrain, et j’ai bien appris ma leçon ! 

Parle-nous des débuts de Freshka. D’où vient l’idée ?

Freshka c’était comme un appel du cœur. Du cœur de ma terre natale. J’ai entendu l’écho, j’ai eu la vision, j’ai répondu tout de suite. Je suis originaire du Littoral, dans le Département de la Sanaga Maritime. Étant Malimba, une pure fille de l’eau, cela m’a semblé naturel d’entreprendre dans la filière des produits de mer frais; surtout que c’est encore très informel. Généralement cette industrie n’a pas de structure, contrairement à la filière des poissons et autres produits congelés qu’on trouve un peu partout. 

Comment s’est passé le financement de ton entreprise ?

Entièrement sur mes économies. Je m’étais fixée un but pendant deux ans. Il a fallu des sacrifices, de la sueur, de la retenue et une grande vision. J’ai commencé light. Un congélateur, deux glacières, un petit budget pour le Marketing et ensuite on a laissé le téléphone arabe (bouche à oreille) faire son travail. 

As-tu rencontré des problèmes pour démarrer ton entreprise ? 

Oui. La réglementation en vigueur est très lourde et plutôt floue. Déjà ce n’était pas évident de trouver les bonnes portes mais en plus les informations étaient mal interprétées parce que chaque personne que je rencontrais dans les délégations et services me donnait des éléments différents parfois contradictoires. Je ne savais plus où donner de la tête. 

Ah oui, j’avais l’impression de résoudre des énigmes. Le comble était qu’en plus de ça, je n’étais pas prise au sérieux. 

Dis-nous en plus. De quel sérieux parles-tu ?

Malgré mon grand enthousiasme à lancer mon business pour contribuer à ma petite échelle à densifier le tissu économique de mon pays et de mon continent, certains me regardaient comme une personne qui avait raté sa vie et qui devait se résigner à vendre du poisson. 

Quelles étaient les remarques qui te donnaient cette impression ?

( rire) Oh lala. Qu’est-ce que je n’ai pas entendu. « Ma chérie tu as quel niveau d’études », « Ma chérie ton mari te laisse vendre le poisson? »

Mais je ne t’ai même pas tout dit. Les remarques salaces et sexistes étaient mon quotidien. J’avais l’impression d’être une proie et non une personne sur le point de démarrer son business. J’ai vraiment vu des vertes et des pas mûres. MAIS ! J’ai persévéré. 

Combien de temps ont duré ces procédures ?

Des mois. Je veux dire, c’est en fin d’année 2021 que j’ai enfin eu tous mes papiers. Des procédures lancées depuis décembre 2020. 

Crois-tu que certaines choses auraient été différentes si tu avais été un homme? 

Absolument ! Déjà je ne me ferais pas draguer à tout bout de champ par des personnes supposées me rendre service. Être une femme rend les choses beaucoup plus pénible mais bon faut le dire si tu es une belle femme, tu peux aussi avoir beaucoup de facilités. 

As-tu déjà succombé à ce genre de tentations ?

Non, Dieu merci. Enfin, mon objectif était ailleurs. Voilà pourquoi si une femme veut entreprendre, il faut qu’elle soit droite dans ses bottes et surtout qu’elle ait son objectif bien fixé. Sinon on peut facilement se perdre. 

À part ces difficultés d’ordre sexistes, quelles sont les autres difficultés que tu as pu rencontrer ?

L’approvisionnement qui est le cœur de mon métier. Si j’ai pas de poisson, je vends pas, j’ai pas de chiffre d’affaires, je n’ai rien. Au début, j’ai eu du mal à trouver les produits à mon rythme. J’ai finalement compris que c’est la mer qui décide et j’ai réajusté avec cette leçon. 

Comment est-ce que tu t’y es pris ?

J’ai noué des partenariats avec des pêcheurs locaux qui faisaient une pêche responsable, durable afin de garantir la meilleure de produits tout en leur permettant de gagner de manière équitable. 

Et de manière pratique ? Tes journées se passent bien ?

Oh. Les combats sont multiples! En ce moment le gros problème c’est vraiment l’énergie. Les coupures électriques nous ont plusieurs fois fait perdre de la marchandise et donc de l’argent. Ce n’est pas une chose facile à gérer car même si au final nous avons acheté des groupes électrogènes pour nos boutiques, ils ne peuvent quand même pas tourner toute la journée ! Et encore que si ils le peuvent, ce n’est pas gratuit. 

Quelles sont tes relations avec tes clients et comment les gardes tu satisfaits? 

La proximité. Je dis bien la proximité et pas la promiscuité. Rires. 

Quel changement aimerais-tu voir pour la femme Africaine dans le business ?

Qu’elles aient les mêmes armes pour se battre. Qu’elles puissent être sur le même pied d’égalité. La femme africaine est remplie de ressources et de dynamisme. Elle est humble et n’a pas peur de se salir. Elle est déterminée et va sans crainte dans la poursuite de ses objectifs. Elle tient plusieurs rôles et réussit tout de même à être un entrepreneur implacable. Il faut qu’on arrête de la reléguer au second plan et qu’on lui donne toutes ses chances. 

Un conseil à donner aux femmes africaines qui te liront ? 

En attendant d’avoir toutes les chances de ton côté, persévère! 

Amalia Ebongue

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