Vivre de sa Passion c’est Possible

Sincèrement, toutes les diasporas sont critiques envers elles-mêmes. Moi ce qui m’importe c’est d’être Camerounais et de savoir d’où je viens

Pouvez-vous-vous présenter ?
 
Tout d’abord merci de m’avoir offert l’opportunité d’apparaître sur votre plateforme. J’en  suis honoré. Je me nomme AYISSI NGA Joseph Marie, styliste et auteur de la légende de wazal. Mon parcours est assez atypique.
 
 
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Plus jeune, au Cameroun, j’aimais faire de la mécanique, ce qui a développé chez moi une attirance pour tout ce qui est technique et manuel.
Tout jeune je savais qu’un métier à la fois créatif et manuel était ce qui me correspondait. Bien plus tard j’ai suivi une formation de stylisme modélisme patronage et moulage à l’école Vanessa Ruiz à Paris pendant deux ans. Mais j’avais commencé à faire des créations bien avant ma formation.
 
Aujourd’hui  je suis heureux de constater que mes efforts et mon acharnement sont de plus en plus reconnus, j’ai par exemple été nominé aux BEFFTA AWARDS à Londres en 2016.
 
Fils de Couturier, en 2005 vous décidez de lancer votre propre maison Wazal Couture, Pourquoi créer votre maison et non reprendre le flambeau de votre père 
 
C’est vrai que pour mes débuts, j’ai appris aux côtés de père qui possédait un atelier qu’il a plus tard cédé à un ami. Pour ma part, j’avais une autre vision de la mode, je m’exprimais différemment artistiquement, j’aimais déjà aller au-delà de mes limites. J’ai donc pris mon envole vers la capitale de la mode pour me perfectionner.
Quand vous êtes destiné à quelque chose, vous le
ressentez et ensuite il faut trouver le courage de se lancer.
A quelle problématique répondez-vous avec ce projet ?
 
Celle de raconter l’Afrique à travers des tenues vestimentaires. C’est vrai qu’il existe de nombreux créateurs aujourd’hui qui travaillent le tissu africain mais à mes débuts, nous étions très peu.
D’ailleurs je me souviens qu’au début de ma formation, M. Imane AYISSI, non nous ne sommes pas de la même famille , c’est mon mentor, m’avait offert une machine à coudre pour m’encourager et je l’en remercie encore car il contribue toujours à la réalisation de mon rêve.
Je travaille beaucoup le wax, mais de façon noble. Il est souvent combiné avec du cuir d’agneau voire du cachemire. En fait, ces tenus démontrent ma vision de la mode, racontent l’Afrique et contribuent également à la vision d’une Afrique talentueuse.
 
Comment avez-vous détecté cette opportunité ?
 
C’est inné, c’est en moi. Je veux dire, quand vous êtes destiné à quelque chose, vous le ressentez et ensuite il faut trouver le courage de se lancer.
Pour ma part j’ai eu la chance d’avoir un père, paix à son âme, qui évoluait dans le domaine et qui m’a initié depuis tout petit. C’est là que j’ai découvert ma passion.
 
Une passion aussi vive doit être réalisée et petit à petit je me suis perfectionné.
Donc est-ce que c’est une opportunité ? Oui, mais c’est plus une passion mais beaucoup de choses autour sont des opportunités qui me permettent d’être à ce niveau .
 
En 2006, vous lancez vos premiers modèles, portés par des stars telle que Singuila, cette stratégie a-t-elle vraiment boostées vos ventes ? 
 
Hahaaa, je vous retourne la question, est-ce que réaliser cet interview avec vous me permettra de booster mes ventes ?
Non plus sérieusement, nous savons tous que la pérennité de toute activité passe par les rentrées d’argent et pour se faire, il faut communiquer. La communication passe par des partenariats, des interviews, des supports de communication on/off-line, .Quand on prend la décision d’adopter une stratégie de communication, on vise le succès et ce dernier peut intervenir sous différentes formes, augmentation des ventes, image boostée, marque plus connue par le public. Résultat de recherche d'images pour "wazal couture"
Ainsi, le fait que des personnalités telles que Singuila, que je remercie énormément, me soutiennent, je dirai que c’est de la communication.
 
 
En 2013, Vous suivez une formation de Mode à l’école Vanessa Ruiz de Paris, Pourquoi?
 
Me perfectionner tout simplement. Oui mon activité est une passion mais je ne serai pas là sans les compétences et connaissances acquises. Comme on dit, seul le travail paie, alors je travaille continuellement pour proposer le meilleur.
Grâce à cette formation, à mon équipe et aux personnes qui m’accompagnent ou me soutiennent, j’ai créé 4 collections à ce jour et la suite reste à venir.
 
 
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Que vous a apporté cette formation ? Vous êtes persuadé que le Street’s Wear au Cameroun a sa place car la jeunessedumboa camerounaise aime s’habiller alors pourquoi ne pas avoir commencer au Cameroun ?
 
Pour commencer, la formation m’a apporté du savoir, des compétences, une expertise,un réseau, une reconnaissance de mes compétences auprès des personnalités du milieu, une ouverture d’esprit, de nouvelles ambitions.
 
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Concernant mes débuts, vous savez, quand vous vivez hors de votre pays natal, c’est
parfois très compliqué de mettre les choses en place à distance. Etant en France et
ayant la possibilité de mieux maîtriser l’évolution de mon activité, j’ai trouvé plus simple de commencer en France tout en faisant aussi connaître la marque au Cameroun.
 
En plus le Street’s wear n’est pas seulement une affaire du Cameroun, c’est mondial. Par conséquent, l’inspiration peut venir de partout. Cet univers m’a toujours inspiré et continu à m’inspirer dans cet univers haut de gamme que je bâti au quotidien.
Je pense que le plus important n’est pas que j’ai lancé en France ou au Cameroun, ce
qui est important est d’adapter son offre aux besoins de sa cible.
En effet, mes confections se portent dans le monde entier et c’est le plus important : une cible – un produit – de la satisfaction. Ensuite, n’oublions pas que Paris reste l’une des capitales de référence quand on parle de mode, des créateurs de renoms y défilent au quotidien et être ici m’a ouvert énormément de portes comme ma rencontre avec Imane AYISSI.
 
Comptez-vous vous implantez au Cameroun ? si oui quand ? Comment avez-vous constitué votre équipe ? Embauchez-vous ? Quelle est votre grille tarifaire ? Comment avez-vous constitué votre portefeuille ? Quels sont vos objectifs à Moyen terme ? Quelle est votre clientèle à ce jour ?
 
La marque est connue au Cameroun. Mon projet à venir est d’y créer une usine de fabrication afin de mieux satisfaire la demande et surtout de transmettre le savoir acquis ici à mes collaborateurs.
Il faut savoir que j’habille aussi bien les hommes que les femmes, et aujourd’hui, mes tenues vont de 50 euros à 1800 euros selon les modèles et les morphologies pour les pièces sur-mesure. En plus, je pense à une collection pour enfants, c’est encore en pensées.
 
Mon équipe s’est constituée au fur et à mesure via mon réseau personnel, les réseaux de mon réseau, etc. Actuellement j’ai des équipes de communications dans 5 pays, des équipes marketing au Cameroun, à Londres, en Suisse, à Paris, en Italie.
 
Toutes ces équipes en plus des équipes commerciales permettent de développer le portefeuille client à travers des partenariats, participations à des événements, promotions.A ce jour, je ne recrute pas de permanents, l’équipe est au complet à ce niveau. Toutefois, mon équipe et moi pensons à nous entourer de stagiaires. Quand on sera prêt, on communiquera dessus.
 
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Mes objectifs à moyen terme sont :
  • l’ouverture de mon usine de fabrication
  • Ma propre boutique où ma clientèle pourra se retrouver et découvrir tout mon univers.

Je pense qu’ainsi, on pourra créer un lien plus fort et surtout, je serai heureux de les recevoir et de les conseiller personnellement

La Diaspora camerounaise est souvent montrée du doigt comme bonne à critiquer de l’extérieur mais n’agit pas au Cameroun, vous reconnaissez-vous dans cette diaspora ?

34827316_260253387877476_6401790089176809472_n (1)A vrai dire, moi ce qui m’importe c’est d’être Camerounais et de savoir d’où je viens. Il
faut définir le mot « critique ».
Répondre à cette question requiert d’aller à la source, d’aller comprendre pourquoi ces personnes « critiquent », pourquoi « elles n’agissent pas ».
Sincèrement, toutes les diasporas sont critiques envers elles-mêmes.
Maintenant, est-ce parce que certains n’agissent pas que nous devons faire comme
eux ? Que nous devons nous reconnaître ou pas en eux ? Tout ce que je sais c’est qu’il y a des personnes comme moi qui agissent, qui essayent de faire bouger les choses. Prenez l’exemple du Comité MISCAS en Suisse qui agit et fait des collectes chaque fin d’année pour les plus démunis au Cameroun. D’ailleurs, pour les fêtes de cette fin d’année, l’appel aux dons est ouvert.
 
Il faut se concentrer sur ce qui est fait plutôt que sur ce qui n’est pas fait.
 
Pouvez-vous qualifiez la diaspora camerounaise de France en 3 mots ?
La diaspora camerounaise de France, celle que je connais, est ambitieuse, créative,déterminée, forte, talentueuses, visionnaire, positive, pleine de réussite, discrète, etc. je pourrai en dire tellement plus.
 
Comment vous contacter ? 

Pour me contacter 

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Avez-vous un message pour la jeunessedumboa Du Mboa ?
Ne jamais avoir peur de l’échec, car l’échec fait partie de l’apprentissage. Et sans lui, nous serions incapables d’apprécier la moindre réalisation.
Il faut conserver un effort constant, avoir l’esprit créatif, positiver, savoir s’organiser,mettre en avant ses connaissances, savoir être un meneur, créer son réseau de contacts, gérer les situations de crise. Rien n’est facile dans la vie mais tout est stimulant. Mes débuts n’ont pas été faciles : la recherche des fabricants, des commerciaux, pas de formation, obligation de confectionner à l’étranger.
Mais grâce à ma persévérance et à mon entourage, je touche chaque jour mon rêve ultime du bout des doigts.
 
 
 
Catherine Assogo

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