BDMA: Les Oscars du Digital au Cameroun et en Afrique

Nous ne comptons pas toutes ces personnes qui ont eu à signer des contrats avec certains de nos gros partenaires après avoir été récompensé au BDMA. Donc il y'a une visibilité indéniable que ces awards apportent à ces acteurs du digital.

Jeune, dynamique, ambitieux et conquérant, Engelbert Bonteh est un entrepreneur digital qui a su se démarquer par son travail, son audace et sa ténacité. Parti du blogging pour une agence de communication digitale en passant par l’événementiel, il est plus connu comme étant l’initiateur des BDMA entendez Bonteh Digital Média Award. Alors que la 5è édition de la plus prestigieuse récompense du digital au Cameroun vient d’être lancée, Jeunesse du mboa est allé rencontrer celui qui est affectueusement The King B. Nous laissons découvrir le condensé de notre entretien. 

Bonjour Bonteh. Nous sommes heureux de t’avoir parmi nous aujourd’hui. Pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?

Engelbert Bonteh est un jeune camerounais issu de la région du Nord-Ouest mais qui a grandi à Yaoundé. Je suis entrepreneur digital et promoteur des BDMA (Bonteh Digital Média Award). Je suis passionné de communication, j’aime rassembler les gens et c’est d’ailleurs ce qui m’a conduit dans l’événementiel. 

Revenons sur ton parcours. Après l’obtention de ton GCE O level à Yaoundé en 2014, tu décides de retourner à Buea ta ville natale et à partir de là, tout ne se passe pas comme prévu. Raconte-nous cet épisode de ta vie.

(Rire). Je retourne à Buea pour poursuivre des études en sciences politiques. Il se trouve qu’à partir de 2016 la vie devient moins tendre avec nous. Ma famille traversait un mauvais temps au point qu’il n’y avait plus de quoi payer mes études. Je manquais presque de tout, pas d’argent pour mes fascicules, pas d’argent de poche, c’était très difficile. Avec la crise dans cette région, cela ne faisait qu’aggraver la situation. C’était la goutte de trop que je pouvais supporter alors j’ai tout plaqué. En parallèle de mes études, j’ai découvert le blogging que je pratiquais à mes heures libres. Alors j’ai décidé de m’y consacrer entièrement. C’est de là que tout est parti.

Ton parcours d’entrepreneur est assez inspirant, du simple bloguer au promoteur culturel, comment s’est fait l’ascension ?

Lorsque je commence à prendre plus au sérieux le blogging, nous ne sommes pas nombreux à en pratiquer au Cameroun surtout dans la zone anglophone. De plus, les autres se limitaient juste à faire des billets alors qu’il y en avait plus que ça. Le marketing digital, le branding, le SEO etc. Les autres blogueurs ne mettaient vraiment pas l’accent dessus, c’est ce qui m’a rapidement démarqué d’eux. Par la suite, mon équipe et moi avions mis sur pied Bonteh Média Network (BMN). BMN est une agence de communication spécialisée dans le branding des entreprises, les relations publiques et l’événementiel. Nous avons eu la de participer à pleins d’événements culturels surtout ceux qui se déroulent dans le Nord-ouest et le Sud-Ouest dont l’un des plus retentissant fut le concert de ADA EHI lors de son passage au Cameroun en 2020.

Raconte-nous l’aventure BDMA. Comment en es-tu arrivé là ?

En 2017, j’ai commencé à organiser des séminaires et sessions de formations sur le blogging et les opportunités qu’offre le digital. Pendant l’une des sessions, un des apprenants m’a demandé comment faire pour que les acteurs du digital se sentent valorisés? Qu’est-ce qui peut les amener à rêver comme les acteurs du cinéma rêvent un jour d’être au firmament du cinéma en étant honorés pour leur talent ? Cette interrogation m’a beaucoup interpellé et avec des amis, nous avons brainstormé dessus. La conclusion de notre réflexion était de créer une récompense qui allait faire rêver tous les acteurs du digital, valoriser leur talent et mettre en avant leur travail. Nous avons beaucoup de chance, si je peux appeler ça ainsi, d’être sponsorisés par Orange, les grands frères de la diaspora, de nombreuses entreprises et particuliers qui ont permis que ce projet soit réalisable aujourd’hui. 

Depuis la première édition, il y a des controverses autour des personnes primées au BDMA. Certains acteurs du digital prétendent que vous choisissez les gagnants selon vos affinités et que certains paieraient afin de recevoir des prix. Que réponds-tu à celà ?

Que ceux qui ont payé pour être primés au BDMA se lèvent et le disent haut et fort. Qu’ils le disent à mondovision nous aimerions nous aussi les connaitre. Les BDMA se veulent une récompense internationale, c’est l’objectif final de ce projet. Pour une telle ambition, primer selon des affinités ou par corruption ne nous aide aucunement.

Ceux qui se plaignent ont-ils voté pour leur favori? Ont-ils nominés leur favori ? Nous avons le souci de valoriser le travail et non l’individu, d’encourager les initiatives et de permettre à ces personnes de savoir que oui elles font quelque chose d’utile à la société. Pour ce faire, la transparence est notre plus fidèle allié.

Comment se passe le processus ? Comment choisissez-vous les gagnants ? Est-ce uniquement sur la base des votes du public ?

Une fois la sélection lancée, vous pouvez nommer une personne X dans une catégorie Y. Le nombre de personnes qui vont nommer cette personne X dans la catégorie Y compte certes mais cela n’est pas déterminant. Il y a un comité soigneusement choisi qui suit chaque candidature. Ledit comité examine la candidature de X dans la catégorie Y et s’il s’avère que X mérite de part son travail d’être nommé, il est sélectionné. 

Après la sélection, se sont les votes sur le site internet qui compte à hauteur de 25%. Tout simplement parce que, une personne peut être populaire mais moins compétente qu’une autre qui est moins populaire. Le reste des 75% seront déterminés en fonction du travail de X par rapport à celui de Z,P,R dans la catégorie Y. L’objectif principal des BDMA c’est de primer le travail et non la notoriété.

Que gagne-t-on réellement au BDMA?

Les gens pensent qu’au Cameroun les prix ne sont pas accompagnés d’argent. Mais ce n’est pas qu’ici. Notre mission c’est de valoriser, mettre en lumière et encourager le travail qui est fait. Nous ne comptons pas toutes ces personnes qui ont eu à signer des contrats avec certains de nos gros partenaires après avoir été récompensé au BDMA. Donc il y’a une visibilité indéniable que ces awards apportent à ces acteurs du digital. Il y en a qui se sont fait connaître grâce à la communication autour des BDMA. Et c’est ce que nous recherchons d’abord. Maintenant si dans l’avenir nous le pourrons, et nous le souhaitons, nous accompagnerons les prix avec les primes. 

Quelle est la particularité de l’édition de 2021?

Cette année nous avons tenu à donner plus de visibilité à l’événement en collaborant avec des célébrités camerounaises et d’autres partenaires. Nous aurons par exemple à la présentation Muriel Blanche et DULAFE valery.

Quelles sont les statistiques sur les participations aux BDMA depuis la première édition ?

Depuis 2017, nous enregistrons entre 3000 et 6000 entrées. En 2020 nous avons eu 3800 entrées (candidatures). Et nous avons entre 90 et 100 nommés chaque année avec 20 gagnants par an. En 4 années, nous avons primés en tout 80 acteurs du digital. Notons aussi qu’il y en a qui ont gagné plusieurs fois dans la même catégorie. 

Comment vois-tu le futur des BDMA ?

La finalité de ce projet c’est de s’imposer sur la scène internationale. Nous envisageons d’être la plus prestigieuse récompense des acteurs du digital en Afrique. Lorsqu’on regarde dans tous les secteurs, il y a des récompenses nationales et internationales mais dans le digital ce n’est pas encore vraiment ça. À partir de 2022, nous allons étendre l’événement à l’international en y incluant toute l’Afrique. Et dans un futur lointain pourquoi pas au niveau mondial, en tout cas on croise les doigts.

On remarque l’absence de certaines catégories à l’instar de la rédaction web (content creator) qui se distingue fondamentalement du blogging. Aux BDMA vous mélangez ces 2 catégories pourquoi ce choix ? N’est ce pas là un sujet à polémique ?

Je vous l’accorde. Cependant un rédacteur web et un blogueur font à peu près le même travail bien qu’après il y a des divergences. Pour l’instant, nous nous attardons uniquement sur les productions des uns et des autres en termes de contenu rédactionnel. Il faut également noter qu’ajouter d’autres catégories demande d’autres moyens financiers en plus. Dans l’avenir, nous l’espérons, nous aurons toutes les catégories bien définies. 

Vous qui êtes parti de rien pour en être là aujourd’hui, que donneriez-vous comme conseil à ces jeunes que vous inspirez et qui aspirent à entreprendre comme vous?

Je dirais que lorsqu’on a la volonté, tout est possible. Il suffit de le vouloir et à force de travail, les opportunités se présenteront sûrement.

Nadia Ed.

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