D’origine Camerounaise, de nationalité française à 11 ans vous avez immigré en France avec votre oncle dans la ville de Brunoy. Comment avez-vous vécu ce changement radical si je puis dire ?
Difficile. J’ai passé un mois entier à pleurer toutes les larmes de mon corps ! (Rires). J’étais jeune et partagée entre l’envie de découverte et un manque terrible des personnes avec qui j’avais grandi. En revanche, ce mois éprouvant passé, les véritables bons moments ont commencé. Et puis j’étais tellement en contact avec mes grands-parents et ma tante qui m’ont élevé que j’avais l’impression qu’ils étaient là tout le temps.
En 2002 vous avez participé au concours du jeune écrivain francophone en 2008 votre premier roman a été publié « Journal intime d’un meurtrier ». Pourquoi avoir choisi le cinéma plutôt qu’une carrière d’écrivain?
Le Cinéma s’est imposé naturellement. Mon écriture n’était pas celle d’une romancière et il m’a fallu du temps pour m’en rendre compte et surtout le jury de ce concours pour me rediriger dans la bonne voie. Connaitre ses limites, ses atouts et ses lacunes sont à mon sens essentiel. Pourquoi m’acharner à être romancière quand visiblement mon écriture est scénaristique ? J’ai suivi les conseils de ce jury, je me suis longtemps formée et suis aujourd’hui littéralement passionnée par cette forme particulière d’écriture.
De 2006 à ce jour vous avez 11 métrages courts ou longs à votre actif dont le dernier en date WAKA pour lequel vous avez reçu un Award d’encouragement à Cannes en 2013. Ils appartiennent tous au registre du drame. Pourquoi ce registre ?
Faux. Je fais à la base du Cinéma dit de genre. Un seul de mes courts-métrages appartient à ce genre et donc mon 1er long-métrage W.A.K.A
Cette récompense démontre que votre travail est reconnu et encouragé. En est-il de même au Cameroun?
Le Cameroun soutient énormément W.A.K.A ! C’est grâce aux spectateurs et aux médias Camerounais que le film est là où il est aujourd’hui : 6 prix sur 11 compétitions, une vingtaine de pays parcourus et un nombre incalculable de Festivals faits. Le Cameroun est le 1er fan de W.A.K.A
Bien que Française, vous avez choisi d’avoir le regard tourné vers le Cameroun et d’y réaliser la plupart de vos projets. Pourquoi alors que l’environnement n’est pas forcement favorable à l’épanouissement de votre métier ?
W.A.K.A est le 1er projet que je tourne en Afrique en général et au Cameroun en particulier. Vous savez, les Cinéastes passionnés cherchent rarement la facilité et suivent beaucoup leur instinct. Tourner le film au Cameroun est une évidence pour moi. Je suis très attachée à la terre qui m’a vu grandir et a fait de moi qui je suis aujourd’hui.
L’environnement défavorable est justement une motivation supplémentaire. Si on veut le rendre favorable, c’est à nous de reconstruire.
Comment décririez-vous le monde du cinéma au Cameroun ? quelle est la situation actuelle de cet art au Cameroun ?
On me pose tellement cette question que ça m’épuise de plus en plus d’y répondre. Le Cinéma se nourrit de l’intérêt qu’on lui porte. Cette question ne devrait plus être posée, elle devrait être vécue par tout un chacun. Le Cinéma au Cameroun renait peu à peu de ses cendres grâce à la nouvelle génération. Si vous êtes curieux, vous verrez ce qui s’y passe et vous bannirez cette question de vos futurs protocoles d’interview destinés aux Cinéastes.
Cinéma et politique ne font pas bon ménage, à mon sens.
28 ans, une jolie expérience, que feriez-vous pour le cinéma si vous étiez Ministre de la Culture au Cameroun ?
Rien. Cinéma et politique ne font pas bon ménage, à mon sens. Avoir une politique culturelle qui inclus le Cinéma en promouvant, valorisant et facilitant la vie des Cinéastes oui. Le reste, je ne vois pas.
Pensez-vous que le camerounais a son rôle a joué pour l’essor du cinéma camerounais ? si oui, lequel ?
Oui.
1– En arrêtant de faire semblant d’être passionné.
2 – Ce serait super que dans la masse d’entrepreneurs qui naissent tous les jours, au moins 1 se penche sur le Cinéma
3 – En faisant son éducation cinématographique. NON, tous les films ne sont pas des chefs d’œuvre et tous les bricolages de vidéastes ne sont pas des films. Développer l’esprit critique.
4 – En consommant d’abord local.
Où et comment pouvons-nous procurer votre travail et vous contacter ?
W.A.K.A est bientôt disponible en DVDs et VOD et mes courts métrages sont visibles en écrivant à mon Agent Brice Abega: bri.abega@gmail.com. Je prépare également un petit DVD de tous mes courts.
Avez-vous un projet en préparation ?
Plusieurs projets. Le plus imminent est mon prochain long-métrage au Cameroun et 2 courts que je compte produire et ma boite de Prod. qui va naître. Aussi, je donne des stages intensifs scénarios dont la 1ère session a lieu du 01 au 05 Février 2016. Il reste 3 places disponible. Infos à : stagescenarios.tia@gmail.com
Scénariste, réalisatrice vous êtes , y a-t-il une autre corde à votre arc ?
Bientôt Productrice. Mais j’ai enfile deux casquettes maximum par projet mais en général une seule à la fois.
Quel message souhaiteriez-vous adresser aux Camerounais ?
Vivez Cinéma !
Un Mot pour la Fin ?
« Make films or die trying. »