Dans un contexte économique très compliqué, le Sénégal à l’instar de plusieurs pays africains tente par tous les moyens de booster l’entrepreneuriat chez les jeunes. Cette volonté des autorités résulte du constat que la fonction publique ne soit pas en mesure d’absorber toutes les demandes d’emploi.
Aujourd’hui au-delà de la sensibilisation et de la prise de conscience des jeunes, des mécanismes sont mis en place pour accompagner la création et la bonne tenue des entreprises. Une bonne initiative qui bute toujours toutefois sur plusieurs facteurs bloquants.
Le programme sénégalais pour l’entrepreneuriat des jeunes (PSEJ) est créé depuis 2015 dans un contexte particulier marqué par une immigration clandestine accrue. Des jeunes par dizaines, sans doute motivés par le manque d’emploi dans leur pays ont préféré prendre la mer par pirogue au risque de leur vie pour rejoindre le mirage des Iles Canaries. Pour lutter contre ce phénomène, le PSEJ a depuis lors procédé à la création de plus de 500 emplois pour 3 000 jeunes formés et 80 % d’insertions dans le monde du travail. Des chiffres certes peu flatteurs comparés à la demande, mais qui dénotent toute la volonté des autorités. Surtout si on sait que d’autres programmes sont en cours d’exécution pour accompagner les jeunes à devenir eux même des chefs d’entreprises.
Dans cette volonté, manifestement il y a aussi un facteur important qui est mis en relief, c’est l’entrepreneuriat féminin.
Avec la création de l’Union des Femmes Chefs d’Entreprises du Sénégal (UFCE), les femmes surtout les jeunes se sont plus investies dans l’auto-emploi, car la structure a permis de formaliser plusieurs d’entre elles qui étaient dans l’informel.
Cette union, dirigée par Nicole Gackou, est le reflet d’un paysage entrepreneurial sénégalais féminin. À sa création, 107 membres rejoignent l’UFCE « 90 % d’entre nous étions dans le secteur informel, sans reconnaissance légale, ni impôt payé, dépôt de bilan, ni de registre de commerce. » a-t- elle fait savoir. Un secteur dominé par les femmes. « D’où l’utilité de l’UFCE qui les a aidées à passer de l’informel à l’entreprise formelle. »
Aujourd’hui, l’union compte 500 membres « de la micro entreprise (l’auto-emploi) jusqu’à celle de 50 employés » dans trois régions du pays (Dakar, Saint Louis, Ziguinchor). Les Sénégalaises, entrepreneuses sortent de l’ombre.
Nicole bien qu’âgée de 54 ans soutient que de plus en plus une alternance entre génération est en train de s’opérer en douceur. « La moyenne d’âge des cheffes d’entreprises membres de l’UFCE est de 40 ans. Auparavant, les femmes créaient leur entreprise quand les enfants étaient grands ou bien quand elles étaient à la retraite. Moins elles avaient de charges familiales, plus elles allaient vers la création d’entreprise. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La plus jeune d’entre nous a 24 ans. Au sortir de l’école, elles ont une première expérience professionnelle et rapidement elles fondent leur entreprise.
Il y a aussi beaucoup de facteurs qui empêchent l’épanouissement des jeunes créateurs d’emploi au Sénégal. Le principal problème, c’est l’accès aux financements. D’après beaucoup de jeunes porteurs de projets, les fonds que l’Etat dégage pour eux sont détenus par des hommes politiques. Ces derniers sont accusés d’utiliser ces fonds à des fins politiques, c’est-à-dire ne financent que ceux qui acceptent de les soutenir lors des élections. Une discrimination qui selon beaucoup date de très longtemps, mais qu’aucun régime n’est parvenu à éradiquer.
Ibrahima Aliou Sow