8 Mars 2021 : Rendez-vous manqué pour la Cicam ?

La faute à une crise très profonde qui touche depuis des années l’entreprise camerounaise. Les sorties sur les médias de certains responsables de ladite entreprise ont confirmé les doutes de certains femmes qui ont eu du mal à se procurer le précieux tissu sur le marché.

Le 8 mars 2021 restera certainement dans les mémoires, surtout pour celles qui n’ont pu être aux couleurs de la célébration. L’évènement qui devait se tenir comme à son habitude a été marqué par deux faits majeurs ; d’une part  l’interdiction du défilé par la plus haute autorité du pays, puis la pénurie du tissu dans les lieux de vente. La faute à une crise très profonde qui touche depuis des années l’entreprise camerounaise. Les sorties sur les médias de certains responsables de ladite entreprise ont confirmé les doutes de certains femmes qui ont eu du mal à se procurer le précieux tissu sur le marché.

L’année passée déjà l’administrateur des ventes de la cotonnière industrielle du Cameroun, monsieur Ibrahim Pitti  se plaignait de l’incapacité de sa structure à atteindre le quota de production de 3 millions de mètres de tissu. Mais que si le seuil de 2,1 millions était au moins atteint se serait déjà une victoire. À cette époque, il fondait son inquiétude sur les difficultés rencontrées au niveau du port de Douala par rapport à l’arrivée des mètres de tissus du côté de l’Afrique de l’Ouest. Sur les 1,2 millions de mètres attendus, ce n’est que 400000 mètres qui ont été livrés. Curieux cette démarche dans la mesure où on sait que le premier fournisseur de matière première de la Cicam c’est la Sodecoton.

Entre la Cicam et son partenaire Sodecoton, il y a une grande brouille. Celle-ci fait suite au non payement de certaines factures en attente. Cette année l’entreprise de coton a décidé de prendre les mesures sévères pour recouvrer son argent auprès de son partenaire. Joint par la rédaction du media public Cameroon Tribune le 26 janvier, monsieur Adoum Abagana, directeur de l’usine Cicam Garoua parlait de ses problèmes financiers et alertait par la même occasion l’opinion sur la pénurie actuelle du tissu dans une interview.

« La Cicam a un endettement vis-à-vis de la Sodecoton, notre principal fournisseur qui arrêté de nous fournir la matière première depuis novembre dernier. Cette dette s’élevait sensiblement à un milliard 300 millions. La Cicam a pu payer 200 millions. La dette restante est de 1,070 milliard de F par là. Cet arrêt a une grande incidence sur la campagne du 08 mars par exemple », expliquait Adoum Abagana.

Malgré cette tempête, la Cicam essaye depuis quelques mois de redorer son image à travers une campagne qu’elle a lancé au niveau des réseaux sociaux. Elle présente au public divers motifs de tissus qui sont vendus dans les boutiques partenaires. On espère que les choses vont rentrer dans l’ordre bientôt.

C’est grâce au partenariat État du Cameroun, la Banque Allemande de Développement (DEG) et le groupe textile alsacien DMC que la Cicam voit le jour en 1965. Le jeune état indépendant qu’était le Cameroun misait déjà sur de gros investissements pour lancer son économie. C’est donc dans cette optique qu’ à la création de la Cicam, l’entreprise avait mission de s’occuper du volet industrielle et commercial. À l’époque, la Cicam était le leader sur le marché et elle proposait aux consommateurs une large gamme de produits textiles distribués sur les principales villes et dans les marchés les plus reculés du territoire national.

L’activité industrielle de la CICAM se répartit sur trois sites. Tout commence à Garoua où le coton qui est la matière première est transformé dans les deux usines de filature et tissage. Après cette transformation, le produit obtenu est un   tissu écru dont une partie est destinée à la grande exportation vers l’Europe. Lorsque ce tissu arrive à Douala, il est de nouveau transformé pour obtenir des tissus teints ou imprimés. Toujours à Douala, il est produit des tissus éponge à partir des filets de coton livrés par l’usine de Garoua. L’activité commerciale de la CICAM s’exerce par l’intermédiaire de sa filiale Newco. Celle-ci est  plus connue sous la marque commerciale, LAKING TEXTILES, est implantée sur tout le territoire avec un réseau de boutiques de vente en gros et au détail (Ecotex et Solicam)

Charles Binelli

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