NE ME SOUHAITEZ PAS BONNE FETE DE LA FEMME !

Le 08 mars ce n’est pas la journée internationale de la femme, mais la journée internationale de lutte pour les droits de la femme. Ne me souhaitez donc pas « meilleure fête de la femme ».

Le 08 mars suscite beaucoup d’effervescence tant de la part des marques avec des publicités tout en rose qui valorisent la beauté de la femme, que de la part de certaines femmes elles-mêmes. Cette année, elle va se dérouler dans un contexte très particulier.  

Au Cameroun on a le traditionnel défilé du 08 mars suivi des festivités dans les différentes institutions publiques et privées qui se clôturent avec le mythique « soulever le kaba » dans les bars et snacks. Celle qui n’a pas de pagne se voit la plus malheureuses des femmes. Ce jour en effet, certaines femmes croient être dispensées de toutes tâches ménagères à la maison, qu’elles peuvent rentrer aux heures tardives dans leur domicile, parfois mal en point au nom de la célébration de la journée internationale de la femme. Clara Zetkin se retourne certainement dans sa tombe en voyant ce qu’est devenue cette journée historique symbole de la bravoure et du sacrifice des militantes communistes de  saint Petersburg et des travailleuses communistes de new York.

L’ORIGINE DU 08 MARS.

L’origine du 08 mars a connu beaucoup de controverse, mais l’histoire (grâce aux dates) nous permet de  reconstituer les faits  en  trouvant le juste milieu entre les deux mythes. Tous s’accordent sur le fait que c’est Clara Zetkin qui émet pour la première fois  l’idée d’une journée internationale consacrée à la femme en 1910.

Tout commence en 1908 lorsque  15 000 femmes descendent dans les rues de New York réclamant des heures  de travail plus courtes, des salaires décents et le droit de vote (1 er lien France 24). En 1909, le parti socialiste américain déclare la journée nationale de la femme. En 1910, lors de la conférence internationale des femmes travailleuses à  Copenhague qui avait réuni 100 femmes de 17 pays,  Clara Zetkin  suggère l’idée d’une journée internationale consacrée à la femme.

En 1917, les femmes russes  acculent les rues de Petrograd (saint Petersburg) pour réclamer « du pain, et la paix » marquant ainsi le début de la révolution russe.  Ce jour dans le calendrier grégorien correspond au 08 mars 1917, 9 ans  jour pour jour après la manifestation des new-yorkaises.  Contrairement aux idées perçues  reliant le 08 mars au mouvement féministe, l’idée de Clara Zetkin  était de « mettre en avant les luttes socialistes pour les femmes, notamment d’inclure le droit de vote dans la lutte des classes, et de proposer une alternative aux mouvements féministes, considérés comme bourgeois … ».

Le 08 mars n’a donc pas une origine féministe mais socialiste. C’est la Russie soviétique qui célèbrera la première journée internationale de lutte pour les droits de la  femme en 1921. Après la deuxième guerre mondiale, cette journée sera célébrée principalement dans le bloc de l’est.  Ce n’est qu’en 1977 que l’ONU va reconnaitre cette journée, dont on célèbre la 44 ème édition.

Cette année la journée internationale de la femme va se dérouler dans un contexte très particulier marqué par la pandémie sanitaire. Au regard de l’urgence de la situation, la femme est plus que jamais au centre de toutes les attentions d’où la thématique de cette édition intitulée :

Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ».

Le constat est là, dans le reste du monde et au Cameroun en particulier, les femmes sont sur la ligne de mire de la maladie, en tant pourvoyeuses de revenus dans leur famille où elles occupent seules des charges. Le cas notamment des vendeuses ambulantes ou encore celles qui sont connues sous l’appellation de Bayam sellam qui écument les marchés en longueur de journée pour écouler leurs produits.

Malgré les risques encourus, elles sont contraintes de mener leurs activités pour pouvoir subvenir aux besoins de leurs familles. Hind Jalal, la représentante d’ONU Femmes pour le Cameroun pense que les femmes et les filles sont les plus exposées aux affres de la pandémie. Elles n’ont donc pas d’autre choix que de risquer leur vie au quotidien pour le bien-être de leurs familles.

. Selon les données statistiques du PNUD, 83% des emplois au Cameroun relèvent du secteur informel et ceci ne garantissent pas une sécurité aux travailleurs qui sont représentés en majorité par les femmes à 80% selon ses mêmes données. Ce qui place la femme au centre de la stratégie de protection contre la Covid-19. Ce qui fait dire à la représentante de l’ONU Femmes que lorsque les femmes sont protégées et aidées, c’est le pays tout entier qui en recueille des bénéfices. Une analyse qui donne aussi raison au gouvernement camerounais dans sa décision d’interdire le traditionnel défilé du 8 mars sur toute l’étendue du territoire nationale. Ça fait grincer les dents, mais le plus important c’est la santé.

Au-delà des beaux discours et de slogans, il y a que l’égalité entre l’homme et la femme reste encore problématique surtout en cette période de Covid-19. Il s’est même très accentué comme le démontre l’ONU. Selon l’Organisation des Nations Unies 70% du personnel sanitaire à travers le monde n’est constitué que de femmes. Malgré tout ça, elles sont moins considérées que leurs collègues hommes. Chaque jour est un défi pour éviter la contamination et ceci sans une rémunération conséquente.

Selon l’organisation ONU Femmes, les femmes sont payées 11% de moins que les hommes à l’échelle mondiale. Et comme si cela ne suffisait, elles sont également victimes de violences dans leurs foyers. Depuis le début de la pandémie, les cas de violences conjugales ont connu une hausse importante.

Entre 30 à 35 % par semaine dans certains pays en Europe. En Afrique il est difficile d’avoir les données chiffrées dans la mesure où la société place l’homme au-dessus de la femme. Ce qui laisse penser qu’il y a encore du chemin à faire.

Il est indéniable que la participation de la femme dans la gestion des affaires favorise la croissance et le progrès, seulement, elles sont moins présentées surtout au niveau des postes de responsabilité important. Les choses avancent certes, mais pas comme elles devraient l’être vraiment.

Aux femmes de comprendre donc que cette journée consacrée aux luttes pour les droits des femmes. C’est une journée où l’on fait le bilan de l’état des droits des femmes dans le monde. C’est une journée de revendication et non de célébration. Le 08 mars ce n’est pas la journée internationale de la femme, mais la journée internationale de lutte pour les droits de la femme.

Ne me souhaitez donc pas « meilleure fête de la femme ».

Nadia ED

4 Comments

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  1. 3
    gate.io

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