Malgré les voix qui s’élèvent pour contester les mesures prises pour mettre un terme à la prolifération des produits éclaircissants sur le marché, le ministre de la santé est bien décidé d’aller jusqu’au bout.
Ça va un peu dans tous les sens depuis que le ministre de la santé, Manaouda Malachie a décidé d’interdire sur le territoire camerounais la vente ou encore la distribution des produits cosmétiques utilisés pour la dépigmentation de la peau. De mémoire, aucun ministre avant lui n’avait osé s’attaquer à ce marché très florissant. Du coup deux camps se sont formés : ceux qui approuvent l’action du ministre et ceux qui grincent les dents. Et ce n’est pas bon pour les affaires, car aujourd’hui la filière est fortement touchée. Les importateurs de ses produits et substances éclaircissantes ne savent plus quoi faire avec les stocks qui sont en magasin. Les distributeurs de leur côté qui faisaient d’énormes bénéfices sont aux abois. Quant aux clientes, c’est l’indignation face à ses mesures qu’elles jugent comme une atteinte à leur liberté. Malgré toutes ces pressions, le gouvernement ne fléchit pas, au contraire il poursuit dans sa lancée. Mais encore pour combien de temps ?
Au début de cette affaire beaucoup de personnes étaient sceptiques. Un scepticisme qui s’explique par le fait que d’autres problématiques similaires n’ont pas pu être résolues par le gouvernement. C’est le cas notamment de la vente des CD piratés, les médicaments, l’essence et bien d’autres produits de première nécessité. Toute chose qui a laissé croire que le scénario sera le même. Un moment on a dû le penser lorsque l’une des protagonistes indexée dans cette affaire a brandi des documents prouvant la non dangerosité de ses produits signés par l’Agence des Normes et de la Qualité. Voyant cela comme un affront, le ministre a dressé une correspondance dans laquelle il interdisait au directeur de l’ANOR de signer les documents prouvant la conformité d’un produit, en lui rappelant au passage que cela revenait aux services compétents de son ministère. Cette dernière sortie assez musclée a prouvé aux yeux des associations qui militent depuis des années contre ce phénomène de blanchiment de la peau que le gouvernement est de leur côté. Seulement on regrette le fait que les deux institutions ne travaillent pas de concert pour éviter des conflits qui viendraient mettre en mal la responsabilité de chacun. Plus encore, on a le sentiment que le ministre de la santé n’a pas le soutien de certains de ses collègues ministres à l’instar de celui du commerce. Jusqu’ici on a pas vu un communiqué venant de ses services pour demander le retrait des produits éclaircissants sur le marché. Toutes les initiatives qui sont prises n’émanent que du ministre de la santé qui envoie ses équipes faire des descentes sur le terrain.
Une certaine rumeur avait laissé entendre que les mesures prises par le ministre de la santé étaient à tête chercheuse. Les voix se sont même élevées pour dénoncer ces manœuvres qui selon eux n’avaient pour seul but que de plomber les ambitions des entrepreneurs locaux dans un secteur dominé par les grandes marques. Un postulat qui a été fortement démenti par le concerné. Mais chose curieuse, certains observateurs auraient constaté qu’on retrouve encore sur le marché des produits éclaircissants appartenant à des marques étrangères. Du coup cela relance le débat sur les vraies raisons de l’interdiction des produits éclaircissants des marques locales. Le gros risque maintenant c’est de voir les gens se rabattre vers le marché noir qui lui a toujours fonctionné pour se ravitailler. En ce moment, que va faire le gouvernement pour sortir de cette impasse, lorsqu’on sait qu’il n’est pas parvenu à mettre un terme à la vente des produits de la rue.
Charles Binelli