Comment assurer la continuité de l’éducation pendant le confinement au Cameroun? C’est la question qui a taraudé les esprits de nos dirigeants, chefs d’institutions scolaires et universitaires, élèves et étudiants sans oublier les parents que ce soit au Cameroun ou dans le monde.
La crise sanitaire actuelle a surpris le monde entier et bouleversé les routines individuelles et mondiales. Elle remet en question l’organisation de nos sociétés tant sur l’efficacité de nos systèmes de santé, la résistance de nos économies, que sur les systèmes éducatifs de nos États pour ne pas être exhaustif. Pour stopper la propagation du covid-19, le monde entier s’est trouvé dans l’obligation de se claquemurer. Arrêt total ou partiel des activités dans tous les secteurs. Le véritable problème étant que la fin de la pandémie est imprévisible. Dans le secteur de l’éducation, la situation est plus que préoccupante. Au Cameroun comme partout ailleurs, le gouvernement et les acteurs du secteur privé se sont attelés à apporter des solutions pour la continuité de l’enseignement du primaire à l’Université.
Le gouvernement camerounais a institué des programmes éducatifs sur la télévision nationale notamment pour les élèves du cours moyen deux et sixième ainsi que ceux des classes équivalentes dans le sous-système éducatif anglo-saxon.
Pour la majorité de la population, ces programmes ont été bénéfiques pour les élèves ciblés et bien qu’ils soient dispensés dans la plus grande simplicité afin d’assurer une bonne compréhension pour tous, ils ne répondent pas au problème de l’interaction entre élèves et enseignants quand l’on sait que tous ces élèves n’ont pas le même quotient intellectuel. Un autre point est le fait que le temps alloué par jour pour ces cours n’est pas suffisant pour couvrir l’ensemble du programme pour ces classes, de plus les coupures intempestives d’électricité dans la ville de Yaoundé particulièrement se trouvent être un frein à ce mode d’enseignement.
Pour les universités et institutions universitaires, la technologie s’est révélée être la solution idoine. Les plateformes en ligne se multiplient à l’instar de Google classroom, zoom, télégramme, whatsapp, etc. l’apprentissage virtuel est à son heure de gloire on dirait bien. Toutefois, cette solution s’avère inadaptée au contexte camerounais pour de multiples raisons.
Tout d’abord la qualité du débit d’internet. La connexion n’a jamais été aussi navrante que durant ce confinement bien qu’avant la crise ce n’était pas vraiment la joie. Ceci peut s’expliquer par le fait que la majorité de la population contrainte au confinement pour se divertir passe plus de temps sur les réseaux sociaux rendant ainsi la navigation sur internet plus difficile. Bonjour l’embouteillage en ligne ! Il faudra s’armer de plus de patience désormais pour se connecter au reste du monde.
Ensuite vient l’épineux problème de l’électricité. « On souffre à cause de l’éneo », scandait grand Barack.
Les étudiants pâtissent énormément avec les coupures intempestives d’électricité. Un vrai jeu de lumière lorsque ce n’est pas le noir total pendant des jours. Et comment faire pour participer aux cours interactifs en ligne. Lorsque nos Smartphones et androïdes sont complètement déchargés ? Également, le coût en termes de data.
Vu le contexte socio économique actuel avec les activités stoppées pour certains et aux ralenties pour d’autres, survivre est le seul et véritable combat. La classe moyenne de la société camerounaise ne peut se permettre un tel luxe, car oui c’est tout un budget pour les parents s’il faut assurer la continuité effective des cours en ligne.
Prenons le cas d’une institution universitaire comme l’ISTIC où le programme de Master en Traduction est constitué de seize cours soit en moyenne trois cours de deux heures par jour.
S’il faut assurer la continuité de ce programme en ligne dans le contexte socio-économique actuel, aidez-nous à faire le calcul ! Et pour le bouquet final, le manque de formation du personnel enseignant sur l’utilisation des outils informatiques pour la dispensation des cours en ligne ainsi que des méthodes à adopter. Le manque d’une véritable interaction comme en présentiel qui freine voir décourage la plupart des étudiants qui ne reçoivent pas toujours de Feedback de leurs enseignants.
Cela dit toutes ces barrières auxquelles se sont heurtés étudiants, enseignants et autorités responsables de l’éducation dans notre pays devraient permettre d’accélérer le développement du système éducation dans la recherche des alternatives en tant de crises et par la même occasion développer l’apprentissage virtuel au Cameroun.
Notons ici que même les pays ayant une longueur d’avance en matière de technologie ont également rencontré des difficultés quant à la gestion de l’éducation depuis le début de cette crise. Les méthodes utilisées et énumérées plus haut étant partagées par tous les pays. Le Cameroun n’est donc pas une exception.
Au Cameroun, la reprise des cours pour les élèves en classes d’examens et les étudiants prévus pour le premier juin prochain soulève de nombreuses interrogations. Comment assurer le respect des mesures de distanciation sociales surtout au supérieur où les effectifs sont cyclopéens ? N’est-ce pas risqué cette rentrée du premier juin ? Et pour les classes intermédiaires du secondaire, qu’adviendra-t-il de leur année scolaire ?
Toutes ces interrogations devraient permettre au gouvernement de développer des stratégies d’apprentissage à distance afin de parer aux éventuelles crises à venir.
Nadia Éd.