Financement des jeunes entrepreneurs au Cameroun : Ce que les porteurs de projets doivent savoir

Afin de comprendre les causes du faible  accès aux financements des jeunes et surtout, les backstages  des programmes d’accompagnement et de financement des projets, nous avons mené une enquête auprès des institutions privées et publiques et auprès d’une dizaine de jeunes entrepreneurs. L’objectif étant de faire la lumière  sur les désillusions que ces derniers rencontrent dans leur parcours entrepreneurial. Nous avons confronté les deux parties afin de mieux comprendre les besoins et attentes des uns et des autres. Vous pouvez lire la première partie de notre enquête ici.

Après avoir fait la lumière sur les désillusions des jeunes entrepreneurs, nous avons rencontré les structures concernées afin d’en savoir davantage sur leurs attentes et surtout les critères de financement. Certains points ressortent d’un commun accord notamment l’originalité entendue comme l’innovation du projet. En effet, la plupart des jeunes essayent de reproduire une idée qui cartonne ailleurs dans leur environnement ne tenant pas compte du contexte socioculturel et économique. Ce n’est pas parce que ça fonctionne en Angleterre qu’il en sera de même au Cameroun. 

Outre l’innovation, il y a le marché qui est très important. L’idée peut être innovante et même révolutionnaire mais si le marché n’existe pas, à qui va-t-on vendre le produit ? Tesla ne peut s’implanter au Cameroun tout simplement parce qu’il n’y a pas un marché pour lui compte tenu du contexte, qui reste le principal catalyseur, bien que l’idée des voitures électriques soit révolutionnaire. En plus du marché, il y a aussi la densité du marché. Un produit adapté au contexte trouvera plus facilement un financement s’il est déployé au Nigéria qui compte plus de 200 millions d’habitants qu’au Cameroun qui ne représente que 10% de la population nigériane.

Un autre critère important est le modèle économique qui nécessite une bonne structuration du projet et c’est ce qui, selon les structures d’accompagnement et de  financement, fait le plus défaut aux jeunes porteurs de projets. Un investisseur ne prend le risque de mettre son argent que lorsqu’il y a une vision précise de comment il rentabilisera cet investissement. Il faut montrer patte blanche sur le business plan et le business model. Mais pas que. La nature de l’équipe qui porte le projet est tout aussi primordial. Est-ce qu’ils sont assez motivés, engagés et honnêtes ? Seulement en 2023, au moins 10 startups africaines ayant reçu d’énormes financements ont déposé le bilan pour la majorité à cause de la mauvaise gérance des fonds, la fintech ghanéenne Dash en est l’exemple parfait. Après avoir levé 86 millions de dollars entre 2019 et début  2023, la start-up a déposé le bilan en fin octobre 2023 et pour cause : la mauvaise gestion du promoteur et directeur général.

Pour ce qui est du Cameroun, l’entrepreneuriat est perçu comme une solution alternative et passagère. L’implication de la plupart des porteurs de projets et leur engagement est facilement remise en cause. En plus du manque de connaissance dans la gestion des ressources financières et matérielles, s’ajoute le manque de connaissance dans la gestion des ressources humaines et des risques. L’environnement est assez corsé, admet Christian Amouo de Investment & Partners « L’environnement camerounais n’est pas très favorable mais les entrepreneurs doivent faire preuve de résilience ». 

Pour ce qui est des déconvenues lors des programmes d’accompagnement et de financements, tous s’accordent sur le fait que la principale source de financement d’un entrepreneur c’est son savoir-faire et son savoir être. Sans cela, même avec des milliards, un projet ne saurait éclore. La communication entre les différents acteurs est également mise en cause, surtout pour les concours pour jeunes porteurs de projets. Une fois encore, le contexte socio-économique et politique intervient mais le manque de communication et de sincérité des uns et des autres ne favorise des happy end

Pour une meilleure compréhension de la problématique et des points de vues des uns et des autres, nous vous invitons à regarder ce reportage sur notre chaine Youtube.

Nadia Ed

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