Le nouveau sommet Afrique-France : la jeunesse africaine au centre d’un new deal avec la France

2021 marque donc la fin de cette époque et le début d’une nouvelle alliance entre l’Afrique et la France, cette fois-ci avec la jeunesse africaine.

Sans les chefs d’États africains comme cela a toujours été de coutume, le nouveau sommet Afrique-France déroule le tapis rouge à la jeunesse africaine. Plus de cinquante ans après les indépendances, la France veut revoir sa politique en Afrique et pour cela, elle a besoin de s’appuyer sur une nouvelle dynamique pour le faire.  

Alors que ses prédécesseurs n’ont jamais voulu un débat de fond sur la relation entre la  France et l’Afrique, de peur de se mettre à dos un bon nombre de présidents africains. Emmanuel Macron vient avec un discours de rupture sur la question. Dès sa prise de fonction, le président de la France n’a pas caché son envie de changer la politique française envers ces anciennes colonies : la France-Afrique en occurrence. Un message fort qui a fait naître une lueur d’espoir auprès de certains africains qui estiment qu’il était temps que les choses changent. Mais pour beaucoup d’observateurs, c’est un discours politicien, car la réalité est que la France sera toujours présente en Afrique. 

Rien de nouveau sur le fond

L’approche pourra certes changer, mais le jeu des intérêts sera toujours le même. Projeté vers l’avenir, et conscient qu’un cycle est en train de se fermer pour céder sa place à un autre qui a déjà commencé à s’ouvrir, sous la houlette d’une nouvelle génération assoiffée de changement. Le locataire de l’Élysée a décidé de rompre avec les bonnes vieilles habitudes qui datent des années 70 où les dirigeants africains se réunissaient pour faire un état de leurs relations avec la France. 2021 marque donc la fin de cette époque et le début d’une nouvelle alliance entre l’Afrique et la France, cette fois-ci avec la jeunesse africaine. Rien de nouveau à attendre de ce sommet, c’est juste une campagne de charme menée par la France pour redorer son image auprès de la jeunesse africaine. C’est un avis largement partagé par beaucoup de personnes qui ne cachent pas leur mécontentement, face à ce qu’ils considèrent comme une réinitialisation du logiciel France-Afrique. En perte de vitesse en Afrique au détriment de la Chine et de la Russie, la France a besoin de se relancer. Les évènements qui se passent aujourd’hui en Guinée ou encore au Mali sont là pour l’attester

À l’initiative du gouvernement français, plusieurs jeunes africains et même ceux de la diaspora vont prendre part au nouveau sommet Afrique-France. Ils seront au total près de 800 jeunes qui vont se retrouver à débattre sur l’avenir de l’Afrique. L’événement organisé dans la ville de Montpellier le 8 octobre rentre dans un new deal dans les rapports entre la France et l’Afrique.

Cette plateforme de réflexion voulue par les autorités françaises a pour objectif de poser les jalons d’un partenariat qui donne satisfaction aux deux parties. Mais avant, il sera question de faire un bilan du passé, d’aborder toutes les questions, mêmes celles qui fâchent comme la situation du Franc CFA dont la suppression est attendue depuis des années. Jusqu’ici, c’est toujours un mystère. Comme tout nouveau, il y aura des attentes de part et d’autre. Plus encore du côté des africains qui veulent leur autonomie totale. Et pour la première fois, le nouveau sommet Afrique-France qui se tiendra à Montpellier sera marqué par l’absence des chefs d’États africains et autres autorités institutionnelles. La priorité est donnée à la jeunesse africaine, qui, il faut le dire, se démarque considérablement par son dynamisme. 

Achille Mbembe, l’architecte du new deal entre l’ Afrique et la France

Sur la table des discussions, il y aura des artistes, les athlètes, les entrepreneurs, les étudiants, les chercheurs et les personnes engagées. Au cours de cette rencontre, plusieurs sujets seront abordés notamment l’engagement social, la recherche scientifique, l’entrepreneuriat et l’innovation, le sport et la culture. Des secteurs où la France investit massivement à travers certains organismes à l’instar de l’AFD ( Agence Française de Développement). Pour être certain de ne pas laisser l’impression d’imposer un point son point de vue, le gouvernement français a fait appel à de nombreux intellectuels africains qui ont travaillé sur les orientations sur lesquelles les échanges devront être menés au cours de ce sommet. C’est le cas par exemple avec le philosophe camerounais Achille Mbembe.

La présence de l’historien Cameroun a été mal perçue par d’autres africains qui estiment qu’il a failli à son devoir. Pourtant, selon l’universitaire qui avait donné une interview quelques mois plutôt au journal le Monde, il a fait savoir que « Les relations entre l’Afrique et la France arrivent à la fin d’un cycle ». Ce qui n’est pas faux, on le voit aujourd’hui sur le terrain, les présidents qui étaient là depuis les indépendances sont en train d’être remplacés par une nouvelle génération de dirigeants qui veulent se défaire à tout prix du leg de la colonisation. Des jeunes qui ont une autre vision du développement de l’Afrique et des alliances avec leurs partenaires. 

De son point de vue, il est important que la nouvelle génération des africains n’aient pas le complexe de discuter sur leur avenir, d’éviter de tomber sur les mêmes travers du passé. Pour le philosophe, les jeunes africains ont là l’occasion de redéfinir les nouveaux rapports qu’ils voudront entretenir dorénavant avec la France.

Dans une interview accordée à Jeune Afrique, l’ancien rédacteur d’Africa is a Country a donné les raisons qui lui ont poussé à prendre part à l’organisation de ce sommet, qui pour lui marque un nouveau cycle dans les relations avec la France. Un nouvel ordre mondial est déjà en marche. Les remous de ce changement de paradigme se font ressentir aujourd’hui en Afrique où les grandes puissances se livrent une guerre froide sans merci pour leur positionnement. Le renouvellement de la classe politique, poussé par un vent de révolution au sein des anciennes colonies françaises ; est la preuve de ce que la jeunesse africaine a décidé de prendre son destin en mains.

Peu importe ce qui se décidera au lendemain de ce sommet, ce qui est sûr, le mythe de la France-Afrique n’est plus qu’une question avant de disparaître définitivement. Êtes-vous de cet avis ?

Charles Binelli

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