Mais qui est donc CamairDroneBoy ?

Ne faites rien si ça ne vous passionne pas. Si tu ne peux pas te lever à toute heure pour le faire gratuitement ça ne vaut pas la peine.

Bonjour M. Junior Chavez aka Camairdroneboy, vous êtes le fondateur de BTV Médias, une entreprise de photographie et vidéographie, créée dans le but de mettre en valeur le Cameroun. Quel a été votre parcours avant la création de cette entreprise ?
Excusez mon French…Je m’exprime mieux en anglais. Mais on y va.. Bref nous voulons changer le Cameroun de la même manière dont il a été colonisé par la culture des autres, a travers les images. Nous sommes des Filmakers et on a décidé de créer des films qui aident à changer notre mentalité de croire que tout ce qui est bon vient de l’extérieur. Les gens nous bombardent tous les jours avec des images de leur vie et c’est ce qui est important pour eux… De Michael Jordan à la famille Kardashian, ils mettent leurs valeurs et intérêts devant les nôtres et c’est pas par hasard que tous les jeunes veulent sortir du pays parce qu’ils ne voient rien de bon ici.
Nous avons décidé de créer nos propres images pour montrer qu’il y a de la valeur ici à tout niveau. Nous voulons faire des films qui montrent nos héros, nos craintes, notre culture et pas et pour faire ce genre de cinéma où il faut totalement contrôler la création du contenu. Nous avions cherché des fonds, mais on trouvait que les gens qui nous offraient les sous voulaient un certain genre de film. Ils voulaient changer ceci et cela. C’est là qu’on a su qu’il fallait qu’on ait nos propres sous… Générés par nous-mêmes. Là, on pourra faire ce qu’on veut. Nous avions trouvé 4 ou 5 manières de « raise funds ». L’idée c’était d’ajouter des technologies jamais vues au Cameroun à des business déjà vus et en demande. Nous avons démarré avec le cinéma et la photographie et maintenant comme tout bon business, il faut apporter du nouveau. Et notre avantage c’était le drone…
Qu’est-ce qui vous a motivé à créer cette entreprise, à l’heure où il n’est pas évident pour un jeune Camerounais à se lancer dans l’entrepreneuriat ? Vous avez dû rencontrer des obstacles, pouvez-vous nous raconter?
Au contraire, c’est l’ère de l’entrepreneuriat… J’ai des diplômes universitaires mais tout ce que j’utilise pour gagner ma vie maintenant j’ai appris à Biyemassi sur YOUTUBE… J’ai appris à utiliser une camera, le drone et le montage sur YouTube. Je crée moi même la musique pour mes vidéos et j‘ai aussi appris ça sur YouTube. J’ai passé 5 ans à me préparer. C’est l’une des choses qu’on veut montrer aux jeunes. Il faut qu’ils sachent que leur téléphone ne sert pas seulement à envoyer des messages et pour le fun… C’est une Ferrari qu’ils ont dans la poche. C’est l’outil que j’ai utilisé pour tout apprendre : dans le taxi, en attendant dans les bureaux de fonctionnaires, même aux toilettes…j’apprenais chaque seconde… Et avec les pdf, les livres audio et numériques, c’était possible de transporter ma salle de classe partout… Ce qui me permettait d’absorber de l’info rapidement…
Les obstacles, c’était plus les infrastructures et le manque de coopération des chaines télé qui veulent qu’on paye toujours et le ministère de la culture et celui du tourisme, etc..qui veulent de l’argent pour qu’un dossier passe.. Donc nous avons décidé d’aller directement vers le public et Internet nous a permis de le faire.
Vous êtes plus connu sous le nom de Camairdroneboy, celui qui fait des vidéos et photos avec des drones. Par là vous montrez un autre Cameroun de manière originale. Comment vous y êtes-vous pris pour faire adhérer le public camerounais à ce concept à la pointe de la technologie ?
Aucune vraie stratégie. En fait, la seule stratégie c’est que le travail parle pour nous. C’est pourquoi vous ne voyez pas mon nom. C’est l’entreprise qui est plus important. Elle doit vivre longtemps, même après ma mort. Je trouve que nos médias encensent beaucoup les CEOs et ces CEOs deviennent amoureux de toute cette attention et commencent par oublier le reste. Ils ne parlent pas trop des autres et oublient que c’est l’ensemble des grandes équipes qui gagne pas juste le dirigeant.
La seule autre stratégie, c’est d’aimer ce qu’on fait #luvwhatyoudo parce que c’est le carburant qui nous a porté depuis le début… Si on produit des mini vidéos de notre pays tous les jours pendant minimum 18mois, cela montrera aux Camerounais leur beau pays et surtout à ceux de l’extérieur qui n’imaginent jamais le visiter… Ça nous permet aussi de montrer qu’on est sérieux et qu’on est prêt à le faire même si on ne nous reconnait pas. Ça permet aussi aux autres de voir de petits exemples de ce qu’on fait et de pouvoir louer nos services.

Moi, j’imaginais toujours le drone qui livre les médicaments aux endroits où il n’y a pas de routes pendant la saison pluvieuse. Ça peut aider les fermiers à mieux surveiller leur récolte et découvrir plus rapidement ce qui ne va pas au champ.

Petit à petit les Camerounais découvrent le drone. A votre avis, en plus de l’utiliser pour la photo/vidéo et le tourisme, en quoi pourrait servir cet appareil volant dans notre société ?
Moi, j’imaginais toujours le drone qui livre les médicaments aux endroits où il n’y a pas de routes pendant la saison pluvieuse. Ça peut aider les fermiers à mieux surveiller leur récolte et découvrir plus rapidement ce qui ne va pas au champ… Les sapeurs pompiers quand il y a incendie avec des images infrarouges peuvent découvrir rapidement qui est à l’intérieur etc… Nous suivons les chantiers comme Lompangar.
L’un de nos plus grands business, c’est de suivre les chantiers des Camerounais qui vivent à l’extérieur. Nous visitons le chantier chaque 2 semaines ou chaque mois et nous prenons des images et vidéos et 3D , ça dépend de la demande du client, de leur chantier… Ça leur permet d’être à l’aise dans leur investissement.. Nous avons aussi des entreprises clientes mais la plupart de nos clients sont des particuliers qui envoient l’argent à leur famille pour construire et quand ils arrivent ici ils ne trouvent presque rien de fait… Ça les décourage à revenir même. Je le sais parce que ça m’est arrivé.

Ne faites rien si ça ne vous passionne pas. Si tu ne peux pas te lever à toute heure pour le faire gratuitement ça ne vaut pas la peine.

D’autres jeunes Camerounais ont recours aussi au drone, comment arrivez-vous à vous démarquer ? Pourriez-vous nous parler de quelques de vos projets ?
Pour faire la différence, je travaille beaucoup et je poste tous les jours. Ça permet de garder mes images fraiches dans la tête du public pour que le jour où il a besoin de moi, il clique seulement. En plus, j’aime beaucoup ce que je fais. Je redécouvre mon pays à chaque voyage et ce gratuitement. C’est tellement gratifiant.
J’aimerais faire le tour des 10 provinces et faire un exposé sur chaque région… C’est un dossier qui n’avance jamais dans les ministères… Il y a toujours les “coupeurs de route” lol. C’est pourquoi nous avons abandonné la recherche de sponsors pour fournir nous même…c’est trop de politique. L’année prochaine, on aimerait commencer notre premier film qui parlera de trois amis qui redécouvrent le Cameroun dans un voyage qui leur rappelle leur amour pour eux même et leur pays…En gros , réexposer la beauté du Cameroun. On en a plein de projets mais c’est un à la fois.
Faut-il avoir une formation spécifique pour pouvoir utiliser un drone ? Et est-ce coûteux de s’en procurer ?
J’ai appris des meilleurs pilotes sur YouTube. J’ai acheté leurs livres numériques et je les ai contacté par mail et posé mille questions. Puis, je me suis entraîné 9 mois.. Avec le drone, ce n’est pas trop ce que tu lis mais les heures de vol où on pratique ce qu’on a lu. Mon 1er drone m’a coûte 200 000 fcfa… Aujourd’hui, j’en ai 6. C’est pour dire que c’est un business valable si l’on met le temps qu’il faut.
Une question que nous aimons poser à nos invités…si vous deviez convaincre des jeunes Camerounais de se lancer dans l’entrepreneuriat et plus particulièrement dans le business des drones, que leur diriez-vous ?
Ne faites rien si ça ne vous passionne pas. Si tu ne peux pas te lever à toute heure pour le faire gratuitement ça ne vaut pas la peine… Mais si tu mets le temps et l’énergie qu’il faut ça va donner. La passion, c’est le carburant pour toute entreprise. Sans ça, tu ne pourras pas tenir.
« If you love what you do, you will never work a day in your life ».
C’est ce qui est écrit dans notre bureau et qui veut dire en francanglais
« si tu ya mo ce que tu fait, Tu va jamais wok un jour dans ta life » ! La passion, ce n’est jamais le travail.

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