La photographie au Cameroun : Max Mbakop a tout abandonné pour sa passion !

Ne Jamais Cesser de Croire en ses Rêves et en Soi...

Après des études en Informatique (maintenance et réseau informatique), un travail trouvé, bien rémunéré, vous avez tout quitté pour vous consacrer à votre passion : les arts…Quel a été le déclic ?
Mon cœur. Ma sensibilité. L’expression de mon moi. Vous savez ? Il n’y a rien de plus ennuyeux et plus fatiguant quand on est pas épanoui, quand on arrive pas à s’exprimer à fond. Le travail d’artiste est certes ce qu’on sait dans ce pays, mais j’y trouve une très grande satisfaction. Je trouve même beaucoup de plaisir quand je stresse à trouver une solution pour la production d’une œuvre (photo).
Votre passion artistique s’est révélée être la photographie. Comment est-elle devenue votre passion ?
Cela est devenu une passion parce que j’ai appris à me connaitre. J’ai appris à m’écouter et à comprendre ce qu’il me faut exactement. Je suis passé par plusieurs métiers de l’art, justement pour me retrouver et aussi développer une certaine facilité de compréhension, et de créativité dans la façon de m’exprimer. Cela m’a pris énormément du temps, et ça continue puisque qu’on est jamais accompli. Une image à elle seule peut raconter l’histoire de toute une vie. Vous voyez? Le tout dans un déclenchement. J’aime ça. Et ça me prend tout mon temps à faire des recherches et à comprendre comment dire des choses à travers une photo. Vous parlez de passion? Hum… c’est ma nourriture.

Quelqu’un m’avait dit un jour :  » S’il t’arrive un jour que tu sois seul dans ta vie, sache que tu es déjà mort. Tant qu’on est en vie, faut jamais baisser les bras. »

Dans votre démarche « tout quitter pour ma passion », quels ont été les obstacles rencontrés ?

Tout a été un obstacle. Je dis bien tout, en commençant par la famille. Nous sommes en Afrique où quand un enfant de la famille à la chance d’avoir un emploi bien rémunéré, ça devient pour toute la famille. Imaginez que ce dernier laisse tout ça et que souvent il vient vous parler des projets qui nécessite de l’argent. hum… Il y a aussi « les vrais propriétaires » qui en moins d’une minute, foutent votre vie en l’air. En ce moment, si vous n’avez pas une véritable passion pour ce que vous faites, vous allez tout de suite abandonner. Il y a aussi le manque de patience… Compte de notre contexte, c’est un obstacle de taille.
Comment les avez-vous surmontés ?
La passion. La confiance en soi et en Dieu. La connaissance de soi et de son environnement… Tout ceci a développé en moi la patience. S’il y a une chose que j’ai apprise dans la vie: « Rien ne se perd sur Terre… ». J’ai une vision et des objectifs à atteindre. Le tout réside dans la méthodologie. J’ai aussi eu la chance d’avoir rencontrer des personnes superbes (professeurs, parents, ami(e)s,…) qui non seulement ont cru en moi, mais m’ont aussi encouragé. Quelqu’un m’avait dit un jour:  » S’il t’arrive un jour que tu sois seul dans ta vie, sache que tu es déjà mort. Tant qu’on est en vie, faut jamais baisser les bras. »
Comment devient-on photographe au Cameroun de nos jours ? Est-ce de manière autodidacte ou existe t-il des formations ?
Cette question est délicate. Déjà être photographe, c’est une profession. Et qui dit profession, dit un ensemble de choses qui vont avec. Au Cameroun, compte tenu de mes observations, il suffit d’avoir un appareil photo pour s’auto-proclamer photographe. Je dis non. Nous avons la chance que des écoles de photographie se créent de nos jours. Ce qui n’était pas le cas il y a 10 ou 20 ans pour ne parler que de ce que je sais. Pour faire une école de photographie, il fallait aller hors du Cameroun et il fallait avoir au moins un minimum BAC. Malgré le manque d’écoles, ceux qui étaient photographe, l’étaient vraiment. Tout se transmettait par le biais de l’apprentissage. Il suffisait d’avoir une grande passion et de s’accrocher a un photographe que tu admirais et la tu avais un suivi. Malheureusement de nos jours ce n’est plus trop le cas. Avec le développement de la technologie, on pense qu’il suffit de déclencher pour avoir une « Bonne photo ». il faut qu’on le sache: il y a une différence entre une « Bonne photo » et une « jolie photo ». Donc la plupart de photographe sont autodidactes.
Vous avez réussi votre pari de vivre de votre passion. Vous êtes aujourd’hui chef d’entreprise avec des salariés. On peut sans prétention parler d’accomplissement… Pour autant est-ce facile au quotidien ? L’état camerounais a t-il une législation permettant la pratique et l’épanouissement de votre métier ?
Rires…Accomplissement, non. Je ne suis qu’au début d’une très longue aventure si Dieu me prête longue vie. J’ai encore beaucoup à apprendre et à faire. Donc j’estime que je n’ai encore rien fait. C’est la raison pour laquelle je me bats au quotidien. Mais je suis sur la bonne voix. Le temps nous le dira. Concernant l’état et sa législation, je dois vous avouer que je ne m’intéresse pas à ça.
Je fais juste ce que j’ai à faire et proprement en tenant compte des normes. Je paye mes impôts et tout ce qui va avec et je m’en fous de savoir si l’état se soucie de nous ou pas puisqu’il ne fait jamais rien pour tout ce qui est art. L’état n’encourage pas et ne promeut pas ces initiatives. J’ai plus le temps pour ça.
La technologie et l’accès au numérique s’étant vulgarisés, à coup de tutoriel sur YouTube ou téléphone performant, il est facile de faire une jolie photo et se déclarer photographe. Comment vous distinguez-vous, vous professionnel d’un photographe auto-proclamé face aux clients ?
Ahahahah…j’en ai parlé plus haut. C’est une très bonne chose le développement de la technologie. mais mauvaise pour ceux qui ne savent pas faire la part des choses. Quelqu’un soit lambda, vous n’allez jamais comparé une Starlet à une Mercedes !!! Ni une tennis de sport à une botte de militaire. En fait, juste pour dire que chacun a son utilité. Jamais et au grand jamais un téléphone portable de rivalisera un Reflex.
Maintenant, au niveau de faire la différence entre un profession et un non professionnel, je dirais tout va dans la façon de se comporter.
Le professionnel ne signifie pas avoir les appareils-photos dernier cri. Comme je l’ai dis plus haut, c’est vivre de son métier. et qui dit profession, dit mode vie, technique, méthodologie.
Être professionnel, ça s’apprend. Si je vous dis que cela fais juste deux ans que je suis professionnel vous ne me croirez pas. Pourtant je pratique le métier depuis plus de six ans aujourd’hui. C’est une discipline de soi et de ce qu’on fait. Donc reconnaître un professionnel déjà peut commencer par la façon dont il vous reçoit, il vous aborde …

La photographie […] On ne respecte pas encore ce métier. On considère ceux qui le pratiquent comme des personnes qui ont manqué quoi faire et se rattrapent là dedans.

Quels conseils donneriez vous pour bien choisir son photographe ?
Je ne suis pas mieux placé pour répondre à cette question. Mais si je dois parler, je dirais qu’il faut dans un premier temps:
  • Savoir ce que vous voulez.
  • Prendre connaissance des travaux du photographe et voir si cela vous convient.
  • Organiser des rencontre et discuter. Des choses peuvent en ressortir.
En vrai il faut laisser parler votre cœur. Pour ceux qui sont plus pointus, iront plus loin en demandant des choses comme le site web, le portfolio, la localisation du lieu de travail… Tout va de soi.
Selon vous, au Cameroun la photographie est vue comme un art au même titre que la peinture ou juste un hobby ?
La photographie n’est vue comme rien du tout. On ne respecte pas encore ce métier. On considère ceux qui le pratique comme des personnes qui ont manqué quoi faire et se rattrapent là dedans. Tout émane aussi d’une question de mentalité et de culture. On se rend même pas compte que la photo est la seule chose qui fige le temps avec toute la fidélité possible au monde. Même ceux qui la pratiquent ne s’en rendent même pas compte. D’où tout le désordre et le mépris vis à vis de ses acteurs.
Si l’occasion vous est donnée, comment donneriez-vous envie à des jeunes de se lancer dans la photographie?
Je le fais déjà, figurez vous. J’ai parlé de mentalité et l’ego c’est ça le véritable problème. Tout émane de la passion. Ensuite l’humilité qui donne accès à l’apprentissage, ensuite au début d’un métier qui par la suite devient un profession. J’ai eu à initier des ateliers mais personnes inscrite. Déjà on veut savoir qui je suis, qu’est-ce qu’ils « gagnent » en venant à l’atelier? surtout que certains sont payants… « Je filme depuis deux ans. Qu’est ce que tu as à m’apprendre que je ne sais pas? » je fais parfois face à ce genre de propos. Mais bon, je ne me décourage pas. Je fais juste ce que j’ai à faire et j’avance. Je prépare un atelier pour le mois de Mai. C’est un atelier ouvert à tous surtout à ceux qui sont passionnés et qui ont un appareil photo (même si c’est un compact).
Avez-vous un message pour nos lecteurs désirant vivre de leur passion mais hésitent ?
Si c’est ce que tu veux faire, lance toi de pied ferme sans regarder en arrière. Le meilleur est devant. Rien n’est facile. Surtout ce qui doit être grand. Donc il ne faut jamais baisser les bras et surtout il faut se rapprocher des personnes qui peuvent vous apporter de l’aide aussi petit qu’il soit. « Évitez de mettre l’argent au centre de tout ce que vous faites. L’argent est juste un moyen d’accéder à certaines choses et non une fin en soi. On ne récolte ce qu’on a semé que quand il a déjà atteint la maturité.»
Merci Mr Mbakop , d’avoir répondu à nos questions Avez vous un mot pour la Fin ?

Ne Jamais Cesser de Croire en ses Rêves et en Soi…

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