C’est le parcours d’une survivante de la cruauté et de l’inhumanité des hommes. Sauvée par l’idéologie féministe, elle consacre aujourd’hui sa vie à venir en aide à celles qui, comme elle, ont fait les frais de leur féminité. Nous sommes allées à la rencontre de la plus féministe du Cameroun, Viviane .Y TATHI.
Bonjour Madame. Merci de nous accorder cette interview. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Viviane Y. TATHI, je suis une jeune camerounaise de 32 ans, juriste, coordinatrice et membre fondatrice de l’association Sourires de Femmes, Coordinatrice pays du groupe de plaidoyer JE M’ENGAGE CAMEROUN, Alumna du centre régional de leadership YALI DAKAR option Civic leadership Session 15, je suis censeur du bureau de l’association des alumnis CRL du Cameroun, militante pour les droits de la fille et des jeunes femmes vulnérables, c’est tout naturellement que j’occupe plusieurs fonctions dans des organisations féministes notamment la coordination féministe camerounaise donc je suis membre fondatrice et le réseau des jeunes féministes d’Afrique Centrale donc je suis responsable administrative et financière Je suis une féministe engagée.
Je suis lauréate de la bourse Gaëtan MOOTOO accordée par Amnesty International aux jeunes défenseurs de droits humains d’Afrique de l’ouest et Afrique centrale.
Comment et pourquoi vous définissez-vous en tant que féministe ?
Survivante de violences à l’adolescence, j’ai pendant longtemps ressentie un mal être social aussi bien en tant que fille qu’ en tant qu’être tout simplement. Après un passage en cabinet d’avocats, à 25 ans, j’entre dans l’humanitaire et de façon hasardeuse, je découvre cette idéologie. Petit à petit j’ai pris le temps de m’informer sur ce qu’est le féminisme et puis, convaincue de ce que cela représentait l’idéal vers lequel je tends dans ma transformation de femme, je l’ai adopté. Cela m’a appris à développer une estime de moi même que je croyais avoir perdu et à être autonome. Aujourd’hui je suis plus épanouie et libre, débarrassée d’un poids que je traînais depuis mon adolescence. Aujourd’hui, je souhaite et j’oeuvre au quotidien afin que les filles et jeunes femmes issues de milieux sociaux défavorisés ayant subis des violences puissent en guérir psychologiquement, émotionnellement et socialement.
Dans la société africaine, être féministe est synonyme de rébellion. Les plus modérés parlent de l’égalité des genres alléguant que c’est différent et plus tolérable que le féminisme. Vous qui êtes féministe, quel est votre commentaire par rapport à cela ?
Je l’entends très souvent et c’est bien dommage. Le féminisme ne prône pas la domination de la femme sur l’homme. Nous voyons bien ce que la domination de l’homme sur la femme engendre alors imaginez l’inverse? Il est question de remettre la balle au centre, de mettre les choses à plat et se donner mutuellement du respect. Ce que l’homme peut faire moi femme, si je le veux, je le peux aussi. Cela ne veut pas dire que dans une vie de couple où la femme est financièrement stable elle doit dominer son mari ou encore ne pas le respecter. Normalement si on attend du respect on doit donner du respect c’est le principe
Ceux qui disent que le féminisme n’est pas l’égalité des genres ne savent rien du féminisme en réalité. Féminisme= égalité des genres. Mêmes chances pour tous, mêmes droits et devoirs pour tous et surtout, respect mutuel. On doit se respecter en tant qu’humain. Personne ne domine l’autre, personne n’a l’ascendant sur l’autre car le féminisme va bien au delà des rapports de couple, c’est également une vision plus large de la société où les femmes peuvent occuper l’espace public et participer à la vie de leurs communautés sans limites.
Je ne refuse pas qu’il y a des extremistes, après tout c’est une idéologie. Dans toute idéologie il ya toujours des extrémistes tant dans la religion que dans la politique. C’est pareil avec le féminisme. Il y en a qui prône la suprématie de la femme sur l’homme mais ce n’est pas pour autant qu’on va condamner la majorité qui ne recherche que égalité, respect et équité.
Quelles sont vos activités, que faites-vous concrètement afin de promouvoir le féminisme ?
Je me deploie principalement pour apporter de l’aide aux filles et jeunes femmes survivantes de violences. Nous recensons les jeunes filles de -20 ans qui entrent dans cette catégorie et les scolarisons, celles qui ont plus de 20 ans, nous les inscrivons dans des centres de formations professionnelles de leurs choix. Ceci survient après un accompagnement psychologique , Psycho social et juridique si besoin. Nous les amenons également, au travers des différents ateliers et formations à se réapproprier leur estime de soi, à connaître leurs droits, à retrouver confiance en elles et surtout à comprendre que leur épanouissement dépend de leur autonomie et que leur autonomie dépend de l’éducation. Nous mettons vraiment un accent à les former et les éduquer car nous pensons, c’est la clef de la solution.
Vous êtes focalisées sur les survivantes de violences. Mais cela ne diminuera en rien le taux de violence que subit les femmes au quotidien. Que faites-vous pour protéger celles qui n’ont pas encore été victimes et qui sont de potentielles victimes ?
C’est vrai pour le moment, nous sommes plus orientées à soutenir les survivantes de violence mais, à côté, nous faisons aussi de la prévention. Nous organisons des séances de causeries éducatives dans les localités afin de discuter avec tout le monde parmi lesquels les leaders communautaires, les hommes, les femmes et même les tout petits. Ceci nous permet, en discutant avec les hommes, de savoir pourquoi ils font preuve de violences, pourquoi certaines femmes refusent de délier les langues etc. et à la suite, nous en profitons pour les encourager à améliorer leurs rapports en communauté sans violences et sans cacher les bourreaux.
Par ailleurs, nous les éduquons aussi lors de nos descentes dans les établissements et certains localités, nous parlons de la santé sexuelle et reproductive. Par exemple sur l’hygiène menstruelle. Nous faisons comprendre aux jeunes garçons que c’est normal pour une fille de saigner et que voir une tâche rouge sur son vêtement ne fait pas d’elle une fille sale. Nous expliquons aussi cela aux hommes afin d’éliminer les préjugés concernant les menstrues qui ne sont pas en faveur de la femme.
Cette semaine, se célèbre la journée internationale de la jeune fille et octobre est marqué du rose en hommage à la lutte contre le cancer du sein. Comment célébrez-vous ces 2 événements qui touchent directement la femme ?
Pour ces deux événements, nous avons des activités dont celui de ce samedi au quartier anguissa, Il sera question de sensibiliser et éduquer les jeunes femmes sur les violences en ligne des réseaux sociaux mais aussi le cancer du sein, comment le prévenir,
Pour apporter ce soutien aux jeunes filles et femmes, il faut nécessairement des apports logistiques, humaines et financières. Comment faites-vous pour financer ces actions ?
Pour l’apport humain, toutes les filles et jeunes femmes de notre association sont membres et engagées dans la cause. C’est donc avec passion et enthousiasme qu’elles œuvrent.
Concernant l’aspect financier et logistique, nous avons les cotisations faites par tous les membres ainsi que mon salaire personnel qui me permet de supporter certaines charges liées aux activités. Sans oublier l’appui de certains donateurs anonymes qui nous épaules et les subventions de quelques bailleurs de fonds.
Cela dit, nous accueillons volontiers les aides quel qu’elles soient.
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Merci !
Nadia Ed.