La femme Africaine : un avenir hypothéqué par les clichés communautaires ?

La confiance retrouvée, la femme africaine impose aujourd’hui le respect, qu’elle soit femme au foyer ou célibataire. Elle a su s’adapter au changement en adoptant une posture de battante, mais surtout avec la volonté de faire bouger les lignes.

La place de la femme africaine est définie en fonction des coutumes traditionnelles de la communauté dans laquelle elle vit. 

Une grande majorité des communautés africaines n’acceptent pas encore que les femmes puissent aussi jouer un rôle de premier plan, mieux encore que les hommes. D’ailleurs, cela serait illogique, voire même une honte de le penser, car l’homme et la femme ne sont jamais mis sur le même piédestal. Même si dans l’histoire des peuples africains, de nombreux récits ne tarissent pas d’éloges à l’endroit de certaines femmes qui ont marqué leur époque et qui continuent encore à le faire de nos jours. Malheureusement, les considérations ancestrales et les idées reçues qui sont véhiculées masques certaines vérités et contribuent plutôt à la marginalisation de la femme africaine. Ces préjugés sur les femmes africaines sont devenus des dogmes puissants qui ont fait naître sur la place le débat sur le statut la femme africaine dans la société.

La femme Africaine est présentée sous deux angles : il y a celle qui est perçue par les sociétés africaines traditionnelles très conservatrices, comme une personne douce, respectueuse, soumise et travailleuse. Au sein des familles, c’est l’éducation que certaines filles reçoivent dès leur plus jeune âge afin de mieux les préparer aux rôles qu’elles auront à jouer auprès de leur futur mari. Cette perception de la femme africaine a contribué à considérer cette dernière comme bête de somme dont le rôle est d’être au service de son mari en négligeant son bien-être. Certaines travaillent du matin au soir sans vraiment se reposer, elles s’occupent des tâches ménagères, puis des travaux champêtres. D’autres sont même victimes de violences en tout genre, mais n’osent pas lever le petit doigt pour y mettre un terme, tout ceci parce qu’on a fait croire que la femme appartient à l’homme et qu’il peut en faire ce qu’il veut selon sa volonté.

Aujourd’hui, un regard nouveau est porté sur la femme africaine, grâce notamment à quelques instruments juridiques adoptés comme la Convention Internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et du protocole à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatifs aux droits des femmes au sein de l’institution africaine en 2003. Leur mise en place a permis de faire le point sur les maux dont sont victimes les femmes et d’œuvrer dans la continuité du changement des mentalités. Dans certaines communautés où les esprits ont évolué, on a vite compris la nécessité d’impliquer la femme dans les instances de décision. La confiance retrouvée, la femme africaine impose aujourd’hui le respect, qu’elle soit femme au foyer ou célibataire.

Elle a su s’adapter au changement en adoptant une posture de battante, mais surtout avec la volonté de faire bouger les lignes. Dans tous les secteurs d’activité, elle ne doit pas sa place au hasard. Elle ne se donne plus une limite pour avancer, même si parfois, elle doit faire face à certaines barrières. Fini le temps où la femme africaine s’accommodait des us et coutumes qui tendent à l’asservissement, des lois qui donnent le pouvoir de décision aux hommes. Instruites ou non, cette nouvelle génération de femmes africaines qui se démarquent par leur audace est la preuve que l’égalité des sexes, des genres et des chances est un atout pour le développement des États africains

Cette considération de la femme observée de nos jours dénote aussi une réelle méconnaissance de la place qu’occupait autrefois la femme en Afrique. Dans un article rédigé sur le blog  Maison Lavigerie, Boro Aradjouman Modeste apporte un autre regard concernant la condition de la femme en Afrique. « La place de la femme africaine a longtemps été l’objet de plusieurs débats dans notre société dite moderne, qui ne restent que des préjugés. Les préjugés qui dans le fond restent superflus du fait de la méconnaissance même de la tradition africaine et de ses valeurs. En effet, l’on pense souvent que la femme africaine n’a de valeur que dans le foyer ; elle n’est qu’une simple domestique. Or la place de la femme dans le système traditionnel en Afrique dépendait en général des pays, des régions, des coutumes ethniques et de la capacité personnelle des femmes elles- mêmes. De ce fait, elles jouaient un rôle considérable que nul homme ne pouvait, quel que soit son rang dans la société, les priver de ce droit ». Pour lui, reléguer la femme au second plan n’a pas lieu d’être pour la simple raison que la femme a une capacité d’adaptation parfois supérieure à celle de l’homme. Des facultés qu’elle a pu démontrer autrefois en endossant certaines responsabilités importantes. Nier cela est un signe de mauvaise foi que la société doit s’atteler à combattre pour une meilleure représentation de la femme africaine. 

Les défis auxquels sont confrontées les femmes africaines sont de plusieurs ordres. Le premier est celui de surmonter les préjugés sur son identité en tant que femme. Il y a trop de propos désobligeants sur le statut des femmes qui font en sorte que certaines femmes doutent de leurs capacités à réaliser des choses extraordinaires , elles ont peur de s’affirmer, de faire preuve d’audace, pourtant, elles ont les moyens de le faire. La plupart se sentent frustrés, surtout lorsqu’elles se retrouvent devant leurs congénères qui ont un niveau d’instruction élevé. Elles ont l’impression de ne pas être à leur place et que leur voix ne compte pas. Le deuxième challenge de la femme africaine, c’est celui de cesser de regarder les hommes comme des concurrents, mais plutôt comme des partenaires avec lesquels elles doivent travailler. Cette situation est aussi l’une des raisons qui accentue les inégalités entre les hommes et les femmes. Des inégalités qui ont des répercussions jusqu’au niveau de l’économie.

D’après 2xchallenge.org « Au moins 40 % des PME d’Afrique subsaharienne appartiennent à des femmes, mais seulement 20 % d’entre elles ont accès à du financement institutionnel, ce qui laisse un déficit de financement d’environ 42 milliards de dollars dans des secteurs et des industries souvent négligés où les femmes sont économiquement actives». Malgré la volonté des gouvernements africains à vouloir respecter la parité homme et femme, il y a encore beaucoup d’étapes à surmonter pour emmener les gens à se défaire progressivement de l’image qu’ils ont toujours eu de la femme africaine. 

Dans ce monde qui est aujourd’hui en pleine mutation, avec de nombreux challenges à réaliser surtout en Afrique, comment la femme africaine doit-t-elle tirer son épingle du jeu ?

Charles Binelli

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