L’Économie Africaine est-elle réellement impactée par la crise ukrainienne ?

Faute d’une économie vigoureuse et indépendante basée sur une réelle industrialisation, l’Afrique subit de plein fouet les conséquences d’une guerre à laquelle pourtant, elle n’est mêlée ni de près ni de loin.

Dans un monde économiquement presque devenu un village planétaire, les répercussions de la guerre en Ukraine sur les plus grandes économies du monde n’ont pas laissé en rade, les pays africains. Pour la plupart cités dans la liste des pays les moins avancés (PMA), ces pays africains se singularisent par une dépendance aux produits importés. Et cet état de fait qui date depuis les indépendances fait que si les grandes puissances éternuent, l’Afrique est enrhumée. Les conséquences donc de la guerre que mène la Russie en terre ukrainienne à bien des égards impacté sur les économies des pays du continent noir.


Avec cette guerre, c’est surtout la sécurité alimentaire qui est menacée en Afrique. Ces deux pays en conflit sont appelés les greniers du monde en matière de blé et de tournesol. Ce sont eux qui fournissent la plus importante quantité de ces deux produits cités dans le monde. La consommation de blé en Afrique devrait atteindre 76,5 millions de tonnes d’ici 2025, dont 48,3 millions de tonnes, soit 63,4 pour cent, devraient être importées en dehors du continent. Si l’Afrique n’importe plus toute cette quantité à cause de la guerre ça paraîtra bénéfiques, car, les fonds ne quitteront plus le continent vers l’Europe de l’Est, mais les conséquences seront catastrophiques, car les Etats devraient dépenser le double pour assurer aux populations des vivres de soudures pour les protéger contre la famine. Mais aussi, ces grains servaient de semences pour les agriculteurs africains qui ne pourront plus tenir une bonne campagne agricole.


Au-delà du blé, il y a aussi des engrais et autres intrants importés de la Russie par les pays africains. En un moment donné en pleine guerre, les Etats africains craignent une pénurie mondiale d’engrais qui devrait entraîner une hausse des prix des denrées alimentaires, avec des répercussions sur la production agricole et la sécurité alimentaire. Mais il a fallu l’intervention auprès de Vladimir Poutine du Président en exercice de l’Union Africaine, le Sénégalais Macky Sall qui a négocié et obtenu « l’approvisionnement ininterrompu » des engrais aux agriculteurs, ressources primordiales pour les Etats africains et sud-américains.



Par contre si les pays africains ont fait des efforts pour amoindrir les risques de famine dans le continent, le combat n’est pas gagné pour ce qui est des hydrocarbures. Ceux parmi eux qui produisent du carburant et du gaz, comme l’Algérie, l’Angola, le Cameroun, la République démocratique du Congo, l’Egypte, la Guinée-Équatoriale, la Libye, le Mozambique, le Nigeria, le Sénégal, le Soudan et la Tanzanie n’ont pas pu empêcher la flambée du prix du baril. Le constat est là, le baril de pétrole Brent a franchi la barre des 100 dollars, seuil qu’il n’avait pas atteint depuis 2014. Avec des économies très vulnérables, les conséquences se sont vite fait sentir par les populations. Les prix des denrées de première nécessité ont presque doublé de prix sur l’ensemble du continent.


L’invasion de l’Ukraine par la Russie a accentué la tendance à la hausse, déjà bien prononcée, des prix de l’énergie et des produits alimentaires. Faute d’une économie vigoureuse et indépendante basée sur une réelle industrialisation, l’Afrique subit de plein fouet les conséquences d’une guerre à laquelle pourtant, elle n’est mêlée ni de près ni de loin.

Ibrahima Aliou Sow

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