Rencontre avec Cyrille Hervé Mbiafa promoteur de l’agence créative et de conseil BNK Agency

Arrivé en Europe pour poursuivre ses études, il fait le choix de rester et de se lancer dans les affaires. Parti de rien, Cyrille Hervé Mbiafa est parvenu à monter une agence créative et de conseil qui offre à sa clientèle de divers horizons des solutions marketing et communication adaptées à leurs besoins. Droit dans ses bottes, le jeune entrepreneur camerounais qui réside en Italie, nourrit pourtant de grandes ambitions pour son entreprise qui est pleine progression malgré la concurrence. Dans cet entretien, il nous parle de son parcours d’étudiant africain, dans une université italienne et les motivations derrières sa volonté de lancer dans les affaires.  

Vous avez débuté vos études au Cameroun, avant de les poursuivre en Italie. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre parcours ?

Quelle expérience gardez-vous de vos premiers pas en Europe ?

J’ai embrassé de plein fouet une culture différente, tant sur le plan social qu’académique.  Le statut de seul noir parmi un peu plus de 300 étudiants durant tout mon parcours académique en Marketing et management dans la prestigieuse Université de Bologne, m’a valu mes premières belles et mauvaises expériences dès mon arrivée. L’intégration s’est faite progressivement avec l’accompagnement de la communauté camerounaise de ma ville, d’autres expériences personnelles, qui au final m’ont forgé et permis de tirer à mon épingle du jeu de chaque circonstance.

Qu’est-ce qui vous a poussé à entreprendre ?

Je dirai tout simplement la passion et l’opportunité.

Pourquoi avoir choisi un domaine comme la création graphique où il y a une rude concurrence ?

Je souhaite souligner tout d’abord que nous sommes certes une agence créative, mais nous ne faisons pas que de la création graphique. Nous proposons d’autres solutions fonctionnelles adaptées aux objectifs de marketing et de communication de nos clients.Le choix de ce domaine a été influencé tout simplement par deux facteurs. Le parcours académique qui a développé une passion pour les métiers du Marketing, le Management et la communication en général, une passion qui au fil des années a nourri l’ambition de monter ma propre structure. Ensuite l’opportunité qu’offre l’écosystème aujourd’hui.

De l’époque analogique, le monde est passé à l’ère de la numérisation, avec une communication qui se veut au plus proche du consommateur par son contenu disruptif et flexible permettant aux entreprises d’être plus compétitifs, de se démarquer de leurs concurrents et démontrer leurs engagements. S’il est vrai que la concurrence est rude dans ce secteur, le marché quant à lui il reste vaste et florissant.

Quelles sont les services que vous proposez et avec quelle valeur ajoutée par rapport à la concurrence ?

Nous nous vantons d’avoir une bonne expertise dans le domaine de la Création graphique, processus de projection de vos idées et d’expériences avec du contenu texte et image d’excellente qualité. Nous mettons à la disposition de nos clients une team conseil en Communication Digitale et d’accompagnement pour la création, gestion et administration de vos différents comptes sociaux.

Avec les innovations constantes dont nous sommes témoins, nous disposons d’une bonne équipe de Production Audio-visuelle qui maîtrise toutes les nouvelles techniques éditoriales disponibles afin d’augmenter l’attractivité de vos supports numériques. Et pour finir, nous avons récemment passé des accords de collaboration avec des prestataires d’impression/Print pour nos clients qui souhaitent réaliser du matériel promotionnel et publicitaire, mais aussi des objets de décoration, gadget et cadeaux. Outre l’engagement de faire briller chaque projet par l’excellent de nos prestations, notre plus-value est fondée sur le positionnement du client au cœur de nos activités via la réactivité, le conseil et surtout une flexibilité tarifaire.

De nombreux produits africains ont du mal à s’imposer sur le marché mondial en raison de leur packaging qui manque parfois d’originalité. Quel est votre appréciation par rapport à cette situation ?

Les packagings des produits africains ont longtemps été à la traine en termes de design (qualité des matières, forme, ergonomie, aspect visuel, etc.), faisant ainsi face à une concurrence accrue sur le plan local pour se limiter qu’à ce marché. Avec la perception qu’à le client sur la qualité et le positionnement des produits, souvent influencée par les « standards » occidentaux, aujourd’hui beaucoup de marques et des produits « made in Cameroon » ont entamé un processus de rattrapage de ce retard afin de se démarquer, toucher la sensibilité du consommateur et stimuler l’acte d’achat. 

De ces enjeux naît l’importance d’un bon packaging. On constate une très nette évolution en la matière. Les produits africains se parent de plus en plus d’emballage en phase avec ce qui est proposé par les marques les plus courantes d’utilisation. 

Comment à votre niveau pouvez-vous changer cela ?

A notre niveau, nous éduquons notre clientèle et aussi notre réseau sur l’importance du marketing du produit. Outre son rôle de contenant, le packaging est surtout le vecteur par excellence des messages que la marque souhaite faire parvenir au consommateur. Le choix des couleurs, celui des formes ou des matières n’est pas anodin. Il fait l’objet de plusieurs études et réflexions afin d’inspirer la confiance et inciter le client à l’achat. Proposer des designs de packaging fait partir de nos services. Après la brève phase de consulting, nous proposons des conceptions de très haute qualité, belles et attractives, surfant à la fois sur des codes occidentaux et conservant une originalité africaine et camerounaise en particulier.

Vous vivez en Italie, pourquoi avez-vous choisi de légaliser BNK au Cameroun ?

Je n’ai jamais pensé un seul instant légaliser mon activité en Italie et personnellement je ne me suis jamais posé la question à moi-même. Cela s’est fait naturellement peut être par instinct patriotique. 

C’était aussi une manière pour vous de préparer un retour définitif au pays pour plus tard ?

Ça fait peut-être partir processus d’un retour futur, mais je ne peux pas vous garantir que c’est la réelle motivation sur le choix du Cameroun plutôt que de l’Italie.

La majorité de vos travaux viennent des clients de la diaspora ou d’Afrique ?

Au départ, nous prospections notre réseau proche, c’est à dire les amis, les familles et à ce moment-là, nôtre clientèle était constituée à 90% de la diaspora. Rendu à presque 2 ans d’activité, aujourd’hui nous recevons des clients d’horizons divers, particuliers et entreprises, en majeur partie grâce aux recommandations, fruit de la qualité des travaux que nous réalisons. Nous continuons à nous faire connaître et nous n’hésitons pas à chaque fois que l’occasion se présente de transmettre des offres de services à des clients potentiels, de maximiser notre communication afin de gagner un peu plus en visibilité, audience et par ricochet en part de marché.

En moins de deux ans, votre agence est passée de l’appellation WCOM4U à celui de BNK. Pourquoi ce changement ?

Vous savez, pour ouvrir une entreprise et lui offrir toutes les chances de prospérer, il est en effet indispensable à sa création de faire des recherches approfondies pour savoir s’il n’existe pas d’autres structures au nom similaire au vôtre, et si c’est le cas, qu’elles ne visent pas la même clientèle ou surtout le même type d’activité ! Une étape cruciale que nous avons négligé à la création de WCOM4U. Nous nous sommes rendus compte chemin faisant qu’il existait bel et bien deux entreprises avec une dénomination sociale égale à la nôtre, parmi lesquelles une qui exerce depuis plus de 5 ans dans le même secteur d’activité.

En effet, si vous utilisez un nom d’entreprise ou de marque déjà enregistré, vous serez en mauvaise posture en cas de procès intenté à votre encontre. Nous avons donc rapidement engagé le processus de re-branding et de dépôt du nouveau nom de la société (BNK SARL) auprès des services compétents pour en assurer la protection de la propriété intellectuelle.

N’était-ce pas un peu risqué de le faire par rapport à l’image de l’entreprise ?

Plus que risqué, c’était un processus plutôt très important pour l’image de l’entreprise. Nous plaçons le client au cœur de notre activité et il va de soi que nous devons lui donner toutes les garanties possibles afin d’instaurer un excellent climat de confiance. Ceci étant, nous avons mis en place une stratégie de communication simple et digeste, visant à informer mais surtout d’expliquer via un storytelling, les motivations d’un tel changement tout en maintenant intacte notre promesse d’excellence vis-à-vis de nos prospects. 

Comment parvenez-vous à instaurer un climat de confiance avec cette clientèle qui vous contacte exclusivement en ligne ?

Le contexte sanitaire dans lequel nous vivons depuis un peu plus de 2 ans nous a obligé à revoir nos modèles de business pour survivre. Le constat est clair aujourd’hui avec la présence de plus en plus important des entreprises en ligne. La plus grosse difficulté pour les new comer comme BNK Agency réside au niveau de la crédibilité et surtout la confiance qu’il faut bâtir avec nos clients en ligne. Établir ce genre de climat, revient à gagner le pari que ces clients voient en nous, un partenaire stratégique important pour réaliser leurs objectifs. Ceci suppose connaître sa vision, ses valeurs, ses objectifs, ses défis, ses avantages compétitifs, etc.  Nous les plaçons au centre de nos préoccupations les aidant à obtenir ce qu’il désire, à être plus efficace et plus performant. Nous travaillons en quelque sorte pour les clients. Nous leur fournissons dans les détails notre plan d’action, nous leur tenons informés de l’état d’avancement des travaux, et nous assurons le suivi après livraison. 

Tout ceci en ligne exclusivement par messagerie sur nos différents comptes grâce à une très bonne organisation du travail. En procédant ainsi, le client sait qu’il est compris, il fait l’objet d’une attention particulière dans laquelle il considère le prix de nos produits ou services comme un élément secondaire dans leur décision de collaboration. Nous travaillons dans cette direction en vue d’apporter plus de valeur à chacun de nos clients, parce que le marché lui-même va dans cette direction.

De nombreuses PME africaines peinent aujourd’hui à s’imposer sur le marché mondial par manque de moyens leur permettant de mener à bien une campagne de communication autour de leurs produits. Quelle solution proposez-vous pour ces entreprises à faible budget ?

Le manque de moyens est un problème criard pour de nombreuses PME africaines qui doivent très généralement composer avec « les moyens du bord » (comme on le dit si bien chez nous) pour survivre. Si nous nous limitons au simple exemple du markéting traditionnel, pour tout ce qui concerne les publicités imprimées que ce soit dans les journaux et les magazines, ou encore les publicités d’affichage urbain, et aussi la publicité télévisée par exemple. Ces supports, certes efficaces, mais très coûteux en termes d’investissement, ne sont pas du tout adaptés au budget d’une jeune PME. L’une des solutions courantes que nous proposons à nos clients est l’utilisation du web pour leurs différentes campagnes.

Une communication online bien élaborée, s’avère particulièrement adaptée à cette problématique et très efficace pour les petits budgets. Nous mettons à la disposition de nos clients une team conseil en Communication Digitale et d’accompagnement pour la création, gestion de leurs stratégies et campagnes de communication sur le web.

Pour une jeune agence de communication telle que la vôtre, miser sur les PME africaines est un choix payant sur le long terme ?

Nous accompagnons à ce jour plusieurs PME dans le processus de digitalisation de leurs activités en leur fournissant principalement du support de communication de qualité et des conseils. Il est difficile de miser uniquement sur cette catégorie de clientèle sur le long terme au vu de nombreux problèmes auxquels ils doivent faire face pour la plupart comme nous l’avons expliqué un peu plus haut. Notre flexibilité tarifaire nous permet de pouvoir répondre aux besoins des clients selon leur portefeuille et ainsi travailler avec plusieurs segments du marché plutôt que de miser exclusivement sur une seule uniquement à court moyen ou long terme.

Ne serait-ce pas aussi pour vous un positionnement stratégique au regard de l’éclosion des marques africaines ?

Cela ne pourrait pas être considéré ainsi comme je l’ai expliqué précédemment. Notre positionnement stratégique est fonction de notre mission d’entreprise. Cela signifie que l’ensemble des actions que nous devons mener pour atteindre nos objectifs, doivent être concrètes et réelles afin de perdurer tout au long de la vie de l’activité. L’éclosion des marques dont nous sommes témoins aujourd’hui, représente plutôt pour nous de nouvelles opportunités d’affaires auxquelles nous devons répondre avec qualité et efficacité au vu de la concurrence accrue dans notre secteur d’activité.

Vous avez une équipe qui travaille au Cameroun. Est-ce que c’est facile pour vous de la manager depuis votre lieu de résidence (Italie) ?

Le monitoring du travail à distance n’est pas chose facile. Nous sommes une jeune structure et la crise sanitaire nous a permis d’expérimenter et d’intégrer le télétravail dans nos habitudes professionnelles. Au départ ce n’était pas facile à gérer, mais grâce à une bonne organisation du travail, le professionnalisme et surtout la disponibilité de toute l’équipe, nous réussissons à porter à terme, tous les projets dans les délais et avec qualité. Chacun à son niveau est dévoué à la tâche pour un objectif commun, ce qui rend le management plus aisé depuis ma résidence.

Quel est votre plus grand challenge ?

Mon plus grand challenge est de hisser de Bnk Agency parmi les prestataires de référence en matière de créative design et conseil au Cameroun et même au-delà.

Quel est votre objectif sur les cinq prochaines années ?

L’objectif majeur comme celui de tout porteur de projet à court ou long terme est celui de réussir et de faire prospérer son activité. Notre situation pour les cinq prochaines années sera fonction de ce que le marché ou l’écosystème nous offrira en termes d’opportunités d’affaires. 

Charles Binelli