Diplomatie et Entrepreneuriat : Utopie ou Réalité?

En 2019, nous avons sélectionné 10 organisations qui ont chacune reçu une subvention entre 6 et 26 millions de FCFA pour mener des actions de sauvegarde de l’environnement ou encore de promotion de la citoyenneté.

Sur les réseaux sociaux, on observe votre ferveur pour la jeunesse camerounaise et ses activités, à travers le financement octroyé à certaines d’entre elles, Quels sont les critères d’obtention de financement disponibles pour les camerounais auprès de l’ambassade ou tout autre organisme français présent au Cameroun ?

Je suis impressionné par le dynamisme et le niveau d’éducation de la jeunesse camerounaise, et je suis heureux que nous puissions soutenir les initiatives les plus remarquables. Ce soutien prend différentes formes et évolue en permanence

Par exemple, nous appuyons les organisations de société civile, très souvent portées par des jeunes. L’année dernière, nous avons sélectionné 10 organisations qui ont chacune reçu une subvention entre 6 et 26 millions de FCFA pour mener des actions de sauvegarde de l’environnement ou encore de promotion de la citoyenneté.

Appel à propositions : projets innovants des sociétés civiles et ...

Ce projet, dénommé PISSCA (« Projet d’appui aux innovations de la jeunesse et de la société civile camerounaises »), se poursuit cette année avec 6 nouveaux lauréats. Parmi les organisations qui se sont portées candidates, nous avons été heureux de soutenir celles qui s’engagent à promouvoir la paix dans les régions anglophones, éprouvées par des années de conflit. 

Dans l’Extrême-Nord, une autre région au quotidien difficile, nous soutenons les jeunes à travers les projets HIMO (projets à haute intensité de main d’œuvre). Ces projets permettent de donner à de nombreux jeunes un emploi et un salaire stable, ainsi qu’une expérience qui leur permet s’insérer sur le marché du travail.

A l’avenir, nous voulons soutenir davantage entrepreneuriat des jeunes. Le Sommet Afrique-France devait être une grande opportunité pour cela : 60 start-up camerounaises, dirigées souvent par des jeunes, ont été sélectionnées pour y participer. Maintenant que le sommet a été reporté en raison de la crise sanitaire, nous travaillons sur des manières alternatives de soutenir les lauréats.  

Quelles sont les contreparties de ces financements ? est-ce à titre gratuit ? ou alors les taux d’intérêts sont plus bas que ceux du marché local?

Il s’agit le plus souvent de subventions. La contrepartie est de présenter un projet qui entre dans le  cadre d’un des appels à projet que nous publions régulièrement, notamment sur notre site web cm.ambafrance.org. L’important est de présenter une vision claire et précise de ce qu’on se propose de faire, et de montrer qu’on est capable de mener son projet à bien. 

A travers le réseau France Alumni, des offres d’emplois sont proposés aux jeunes camerounais désireux de rentrer au Cameroun, quel est le pourcentage d’emplois occupés par les jeunes camerounais au sein des entreprises françaises présentes au Cameroun ? aussi bien pour les jeunes locaux de 25 à 35 ans ?

Il n’existe pas de statistiques pour l’ensemble des entreprises françaises présentes au Cameroun, mais je peux vous donner quelques exemples. Chez la Société générale Cameroun, 98% des effectifs sont des Camerounais, et 34% des effectifs ont moins de 35 ans. Chez les Brasseries du Cameroun, entre 60 et 150 jeunes Camerounais sont recrutés chaque année, ce qui correspond à 2 à 5% de l’effectif total.

Avez-vous des actions destinées à la population autres que les démarches administratives pour les voyages, si oui quelles sont-elles ?

La plupart de nos actions de coopération au développement, dans le cadre du Contrat de désendettement et de développement (C2D), profite directement aux Camerounais et sont visibles au quotidien. Ce sont des grandes infrastructures comme le pont sur le Wouri à Douala, ou le pont sur la Sanaga, qui permet de rallier Nganoudéré depuis Yaoundé.

Ce sont aussi les infrastructures urbaines dans les capitales régionales. Ce sont aussi de nombreuses filières de formation et de recrutement, destinés prioritairement aux jeunes : les formations aux métiers agricoles, aux métiers de la santé et de l’éducation, qui débouchent le plus souvent sur des recrutements.   

Quelles sont vos missions en tant qu’ambassadeur ?

Mon rôle d’ambassadeur est de faire vivre et de développer la relation entre la France et le Cameroun. Pour cela, j’échange souvent avec les autorités camerounaises à différents niveaux et compétentes dans différents domaines.

J’échange aussi en permanence avec les représentants du monde politique, économique et de la société civile. Mon objectif est de suivre les évolutions du Cameroun,  de contribuer à la compréhension mutuelle entre nos deux pays, et d’identifier les domaines où nous pourrions coopérer encore davantage.    

Le 21 juin 2020 a marqué votre première année comme ambassadeur . Quel bilan faites-vous de votre année au Cameroun ?

Ce fut une année très riche au cours de laquelle les relations entre le Cameroun et la France se sont resserrées : le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a visité le Cameroun en octobre, et le Président Biya s’est rendu en France à deux reprises, en octobre et novembre.

Ce sont des moments forts de la vie diplomatique. Au plan local, j’ai été très heureux d’avoir pu visiter sept des dix régions du pays, d’y avoir noué des liens et d’avoir pu découvrir toute la diversité de ce pays. Enfin, au cours des derniers mois, nous avons dû faire face ensemble à la crise sanitaire du coronavirus. La France et le Cameroun se sont montrés solidaires dans cette épreuve :

les autorités camerounaises ont permis le retour rapide des Français bloqués ici suite à la fermeture des frontières ; de son côté, la France a apporté un appui important à la lutte contre la COVID-19 au Cameroun.    

Avez-vous un message pour la jeunesse ?

Après un an passé au Cameroun, je n’ignore pas les difficultés de la jeunesse, notamment pour s’insérer dans le monde du travail et faire valoir ses compétences. Cependant, je vois aussi que le Cameroun est une terre d’opportunités, et que certains jeunes que j’ai rencontrés ont très bien su en tirer parti. Mon message est donc celui d’encouragement et de confiance dans votre talent. 

Catherine Assogo

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