Corolearner Forum & Awards: focus

Il s’agissait pour cette première édition, d’édifier l’ensemble des participants sur les résolutions prises au cours des multiples rencontres entre les acteurs du secteur public et privé qui ont décidé de faire front commun face à la crise.

Surpris par la tournure des évènements qui se sont enchaînés à la suite de l’arrivée de la Covid-19, les institutions publiques et leurs partenaires du privé se sont retrouvés à l’hôtel Hilton pour faire le point et tirer les leçons de cette crise.

Experts, chefs d’entreprises et l’administration se fixent le cap vers l’avenir malgré un climat social et économique marqués par la pandémie de la covid-19. Les voyants étant au rouge, les entrepreneurs camerounais entendent bien ne pas baisser les bras, au contraire aller plutôt de l’avant. Le 21 décembre 2020, ils ont été réunis  à l’hôtel Hilton de YAOUNDE autour de la plateforme Corolearner Forum & Awards, un évènement que organisait l’agence évènementiel Easy groupe expérience.

La rencontre avait pour but d’édifier l’ensemble des participants sur les résolutions prises au cours des multiples rencontres tenues entre les acteurs du secteur public et privé, lesquelles ont abouti à la mise en place de nouvelles stratégies permettant de faire face à l’avenir à des crises similaires. Un document comportant toutes ces résolutions a été présenté à l’assistance. Pour cette première édition, un hommage a été  rendu aux entreprises qui ont participé aux différentes campagnes de sensibilisation contre la maladie.

La rencontre qui se tenait dans l’une des salles de banquet du somptueux hôtel situé au boulevard du 20 mai a attiré des hommes d’affaires de divers domaines, les jeunes entrepreneurs et les médias qui étaient là pour la couverture de l’évènement. Durant des heures d’échange, chaque paneliste a apporté sa modeste contribution pour améliorer le climat des affaires au Cameroun malgré le contexte actuel.

Happy Ndongo

À travers les analyses des uns et des autres qui étaient un véritable régal à écouter, on sentait une volonté manifeste de voir le Cameroun rayonner. À l’entame de ce rendez-vous, le directeur général et du président de Easy group expérience ont tenu à remercier à tour de rôle les personnes qui ont fait le déplacement pour assister au Corolearner forum qui entre dans sa première en attendant les prochaines éditions. Et les grands enjeux de ce projet qui entend bien jouer les premiers rôles dorénavant en ce qui concerne la mise à la disposition des autorités compétentes les outils nécessaires permettant de répondre aux besoins des populations. Les thématiques abordées allaient dans ce sens.  

Le premier panel a entretenu l’assistance sur la thématique « Main d’œuvre & Partenariat social ». Il faut dire que à la suite de la crise de la covid-19 le contrat social a été mis en mal au point où le taux de chômage a connu une hausse importante et également le sous-emploi. Les entreprises ne pouvant plus payer normalement les salaires ont dû se séparer de leurs collaborateurs.

Céline Fotso

 Pour la promotrice du magazine Jewanda qui soufflait sur sa dixième bougie cette année, cette augmentation du chômage est tributaire aussi en partie par le fait que certains profils ne correspondent pas à la demande du marché de l’emploi.

Trop de diplômés qui n’ont pas un savoir-faire selon les besoins actuels. La solution serait pour elle de former les gens aux métiers de l’heure qui peuvent leur permettre de se prendre en charge rapidement au lieu attendre se faire recruter par une entreprise.

Pour pallier à  ce problème, elle préconise de lancer les formations sur mesure qui répondent aux attentes actuelles. « Il faut former les jeunes aux métiers d’aujourd’hui et non de demain pour les permettre d’être rapidement autonome » va-t-elle marteler avec insistance. 

Même si on peut reconnaître que la crise a rendu encore difficile la recherche de l’emploi, on ne peut pas aussi ignorer le fait que la plupart sont plutôt victimes de leur mauvaise orientation. Beaucoup de jeunes aujourd’hui sont au chômage à cause des choix opérés sur le plan académique.

André Hot

C’est le constat dressé par André Hot qui est par ailleurs un expert sur les questions d’orientation scolaire. Pour lui, dès lors qu’à la base un jeune n’a pas été bien guidé, il sera difficile pour lui de s’insérer dans le tissu de l’emploi. C’est la raison pour laquelle il a fait le plaidoyer auprès des parents de s’impliquer dans l’éducation de leurs enfants. Il a même poussé sa réflexion en proposant qu’on mette en place des programmes de stages pour les élèves des classes de troisième, afin qu’ils se frottent très tôt au monde professionnel. L’objectif de cette approche, c’est de parvenir à déceler le domaine dans lequel l’enfant se sent plus à l’aise. Par la suite, il reviendra aux parents et aux enseignants d’assurer son encadrement.

Styve Tchatchuang

Le discours assez avant-gardiste de Styve Tchatchuang, directeur général des assureurs réunis et par ailleurs Président de l’Association des Entrepreneurs du Cameroun pendant son exposé a montré le côté visionnaire de l’homme, mais a aussi révélé l’importance de mutualiser les forces pour se développer. Dans sa prise de parole, le chef d’entreprise c’est réjoui d’abord des initiatives lancées au sein de l’association dont il a la charge, par exemple la mise en place d’un réseau regroupant tous les entrepreneurs du Cameroun.

Même si cela n’est pas encore suffisant, le véritable challenge selon lui, « c’est de construire une économie locale assez puissante qui puisse être une force de proposition auprès des autorités administratives ».

Ce marché local devra par la suite répondre aux besoins des usagers avant d’aller vers l’extérieur. Une proposition qui trouve toute sa raison d’être avec le slogan actuelle portant sur la valorisation du made in Cameroon. C’est un chantier qu’il mène depuis des années sans attendre le soutien de l’État a-t-il lancé au passage. Le président des entrepreneurs du Cameroun a aussi défendu l’idée selon laquelle, avant d’attendre de l’État, il faut d’abord faire ses preuves. C’est la seule garantie qui poussera celui-ci à avoir une autre perception des entrepreneurs.   

L’artisanat n’a pas échappé aux conséquences de la Covid-19, d’ailleurs c’est l’un des domaines qui été sérieusement touché. Avec l’absence des touristes, la plupart n’ont pas pu écouler leurs produits. Cependant, faute d’avoir une clientèle étrangère, ces artisans ont pu faire de bonnes affaires avec les clients locaux, c’est le constat fait par Yves Eya’a, directeur du Centre des Créateurs de Mode du Cameroun ( CCMC) lors du Corolearner Forum. Le styliste a attiré l’attention sur le fait que la crise sanitaire a donné l’occasion aux camerounais de découvrir et d’apprendre à consommer ce qui est fait sur la place. Seulement, les artisans qui étaient habitués à fabriquer en faible quantité ont dû faire face à de nombreuses commandes qu’ils n’ont pas pu honorer.

Yves Eya’a

C’est aussi ça une autre conséquence de la crise. Yves Eya’a a également déplorer le fait que certains artisans ne savent pas se vendre, d’autres à la limite n’ont pas de page Facebook pour présenter leurs produits. Un gros désavantage, qui selon lui peut se rattraper en formant les artisans camerounais à l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Une idée qui rejoint celle de Céline Victoria Fotso qui l’a aussi proposée au départ.

Pour la clôture de ce premier panel, le Pr MAKON s’est intéressé à la relation public et privé. Il faut dire que c’est une entente qui est loin d’être le parfait amour. Ces deux entités qui ont pourtant l’obligation de travailler ensemble pour lutter contre le chômage et le sous-emploi ont du mal a accordé leurs différents point de vue. Pour l’enseignant d’université, le partenariat public et privé est un vecteur de croissance et de développement des sociétés. Même si la relation est souvent conflictuelle par rapport aux enjeux des uns et des autres, il est fondamental, voire primordial que les deux institutions travaillent de concert. Ce d’autant plus l’un ne saurait avancer sans l’autre.

Richard Makon

Mais il est important selon son analyse que chacun joue pleinement son rôle sans toutefois faire ombrage à l’autre. L’État dans sa posture de régulateur doit mettre en place les politiques qui tiennent en compte des réalités et des spécificités des entreprises. Et l’un des problèmes auxquels font face ces entreprises, c’est justement celui de la main d’œuvre. L’enseignant a préconisé qu’il y ait des propositions de la part des entreprises sur les formations à promouvoir en fonction de chaque secteur. Par ailleurs, il a aussi exhorté à ces entreprises de se lancer elle-même dans la formation en fonction de leurs besoins.

Contraints de respecter les mesures barrières, certaines entreprises ont dû revoir leurs objectifs ou encore prendre des décisions radicales pour faire face à la crise. Dans la deuxième thématique du jour portant sur « Investissement & Exportation », le panel était essentiellement constitué d’hommes d’affaires. Le modérateur Thierry Ekouti qui est directeur de publication d’un organe de presse n’a pas ménagé ses invités avec les questions. Entre adaptation, réduction des effectifs et mise en place de nouvelles stratégies.

Joel Sikam

Leurs témoignage ont servi de cas d’école à l’assistance. Comme celui de Christian Ngan, le promoteur de la marque Madlyn Cazalys a vu son activité chutée. L’entrepreneur qui était pourtant sur une bonne voie avec à la clé la construction d’une nouvelle usine, s’est retrouvé à devoir se séparer d’une bonne partie de ses collaborateurs. Il a dressé un bilan sombre de ses activités. Une image qui traduit le calvaire de bon nombre d’entrepreneur. Pareil aussi pour Joël Sikam promoteur de la marque SIMAD, une entreprise spécialisée dans la fabrication des produits d’entretien.

Les frontières étant fermées, plus aucun produit ne pouvait être vendu à l’extérieur. Une situation qui a fragilisé les caisses de l’État qui s’est montré aussi solidaire envers ces chefs d’entreprises en supprimant le payement de certaines redevances. Même si cela a permis à certains d’éviter la faillite, la situation n’est pas encore totalement sous contrôle. Pour la plupart de société dont une bonne partie de leurs revenus viennent du commerce extérieur, ils attendent impatiemment que les choses rentrent dans l’ordre. Le forum a été une occasion de faire un diagnostic de la situation économique et sociale du Cameroun et de proposer des pistes de solution pour l’avenir. La rencontre s’est terminée par une allocution du ministre des mines, de l’industrie et du développement technologique qui a tenu à honorer cette initiative par sa présence. Le rendez-vous a donc été pris pour la prochaine édition.

 Charles Binelli

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