LA PLACE DE LA JEUNESSE CAMEROUNAISE DANS LE PROCESSUS DÉMOCRATIQUE DU CAMEROUN.

Ceci dit, les textes fixent à 35 ans, l’âge d’éligibilité à la présidence de la république. Les élections législatives et municipales sont, quant à elles, accessibles dès 23 ans. Ces tranches d’âge sont la preuve à quelques exceptions que la vie politique au Cameroun peut être impactée par des jeunes qui souhaitent y faire carrière.

Il y a quelques jours, a été célébrée la Journée internationale de la démocratie, commémorée le 15 septembre de chaque année depuis 2007 date de son instauration par l’Assemblée Générale des Nations Unies. Cette journée vise à promouvoir et à défendre les principes de la démocratie garantissant dans son immanence une participation équitable de toutes les couches sociales aux affaires politiques.

Le Cameroun jeune démocratie évolue petitement vers la consolidation de son processus de démocratie, dont la structure bien qu’imparfaite jouit tout de même d’un volume considérable de 328 partis politiques animés par diverses couches sociales dont les jeunes. Intéressé par ces derniers, il est question dans le présent article d’interroger l’engagement politique de la jeunesse camerounaise et par conséquent sa contribution dans l’essor du processus démocratique camerounais.

Jeunesse et vie politique au Cameroun

Au cours des années antérieures, la jeunesse manifestait très peu d’engouement pour la politique qui était alors l’apanage des personnes dotées d’une expérience et d’une sagesse que les stéréotypes réservait à une frange de la population plus âgée. On remarque cependant depuis le scrutin présidentiel de 2018 un regain d’intérêt de la jeunesse pour la politique. Cette jeunesse qui se veut intelligente et désormais participative se démarque progressivement au sein de l’espace public à travers des interventions et des propositions fraîches, orientées vers une nouvelle dynamique, une nouvelle ère visant la consolidation du présent ainsi que de l’avenir politique du Cameroun.

De fait, ils sont nombreux, ces jeunes qui ont à parti de cette période inscrits leurs noms à l’encre indélébile dans l’univers politique national, ceci grâce à leurs positions au sein de l’espace public ainsi qu’aux programmes politique qu’ils proposaient à cette époque et s’étant inscrits dans la durée pour les plus déterminés. Au vu de ce regain d’intérêt, la course aux scrutins présidentiel, législatif et communal a perdu depuis lors sa « sacralité sectaire ». En effet, des jeunes convaincus de la pertinence de leur programme politique et de la crédibilité de leur vision ont avec détermination pris part à ces différents suffrages afin de se construire une carrière politique, apportant par là leur participation à la construction du processus de démocratie au Cameroun. 

Ceci dit, les textes fixent à 35 ans, l’âge d’éligibilité à la présidence de la république. Les élections législatives et municipales sont, quant à elles, accessibles dès 23 ans. Ces tranches d’âge sont la preuve à quelques exceptions que la vie politique au Cameroun peut être impactée par des jeunes qui souhaitent y faire carrière.

Les honorables Cabral Libi’i, Nafissatou Alim, Dague Aïcha, les magistrats municipaux Yoki Onana de Yaoundé 6, Nazaire Brolin Njatou Ngadep Maire de Makénéné, Harouna Damatal Papahito Maire de la commune de Lagdo,  peuvent être pris en guise d’illustrations. À côté de ceux-ci, des jeunes moins âgés développent la fibre politique et proposent des actions fortes à implémenter pour l’épanouissement de la société. Cette dernière catégorie est réunie au sein des députés jeunes et députés juniors. 

Jeunesse et élections

Nonobstant les éléments ressortis supra représentant une once d’espérance de l’implication de la jeunesse dans la vie politique au Cameroun, on pourrait constater en observant de plus près qu’un nombre non négligeable de jeunes ne sont pas nanti d’une carte d’électeur. Car à côté de ceux qui souhaitent bouger les lignes, existent des jeunes qui continuent de se terrer sous le fallacieux prétexte d’une « neutralité politique » et qui feignent de ne pas s’intéresser à ces questions or leurs interventions très hardies bondent l’espace public et spécifiquement les réseaux sociaux érigés en terrain d’implication favori.

À ce propos, les chiffres issus de Elections Cameroon en septembre 2022 renseignent que 2 757 718 soit 38% de jeunes sont inscrits sur les listes électorales. Ce chiffre ne représente pourtant pas grand-chose quand on sait que la population camerounaise est majoritairement jeune et que son engagement réel devrait entraîner une dynamique nouvelle. Eu égard de cette faible implication des différentes couches sociales ainsi que d’autres caractéristiques observables au sein de la société, le Cameroun appartient au second régime de démocratie évoqué par l’Economist Intelligence Unit, à savoir la démocratie imparfaite. À ce propos dans un classement daté de 2020, elle place le Cameroun au 40ème rang sur 50 pays africains étudiés. 

Il est par ailleurs regrettable d’observer que certains jeunes ayant suscité en d’autres la fibre politique se soient avérés moins virulents et engagés une fois la bouche et la panse pleines. En effet, dans un contexte gangrené par divers maux dont la corruption, nombreux sont ceux qui laissent tomber les arguments et opinions de leur engagement  au profit des billets de banques et autres dons en nature pour se réfugier dans une sorte d’hibernation. Ces derniers, pires que la première catégorie, sont très souvent à l’origine de la réticence et de la méfiance des autres vis-à-vis de la politique. 

En cette journée au cours de laquelle fut célébrée la démocratie, l’environnement politique camerounais offre un décor partagé entre la volonté d’une minorité de jeunes vigoureusement impliquée en politique et une majorité constituant une masse critique dont l’impact ne se mesure qu’à leurs interventions au sein de l’espace public. Or la jeunesse camerounaise ne pourra réellement contribuer au processus de démocratie que si elle participe activement, notamment en orientant ses opinions vers la voie des urnes.

Car c’est davantage dans l’isoloir que se construit la démocratie, même si les opinions librement exprimées au sein de l’espace public représentent un baromètre non négligeable. Cependant, parvenir à l’isoloir nécessite au préalable la possession d’une carte d’électeur dont tout jeune de 20 ans et plus doit se procurer auprès des services d’Elections Cameroon afin de garantir la construction d’une démocratie portant la signature de cette jeunesse camerounaise fer de lance de la nation. 

Danielle Nganou 

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