Dongmo Staël : « À toi jeune camerounais, à toi jeune diplômé…cible un domaine bien précis, investis-toi à fond et vis ton rêve. »

Contrairement aux machines étrangères, dans la conception de nos machines, nous prenons en compte tous ces paramètres afin d’être en phase avec les besoins locaux.

À la suite de nombreuses recherches infructueuses d’emploi dans le public comme dans le privé, Dongmo Staël choisit d’entreprendre. Il s’associe avec l’un de ses camarades d’université qui nourrit également la même ambition ; celle de mettre sur pied une unité de production des déshydrateurs made in Cameroon. Les deux entrepreneurs parviennent alors à réunir toutes leurs économies pour financer l’ouverture de leur entreprise. Une aventure entrepreneuriale qu’ils vivent avec passion, mais aussi avec beaucoup de stress. Dans cette interview accordée à Jeunesse du Mboa, Dongmo Staël ne cache pas son ressenti et partage son parcours, ses défis et ses ambitions. 

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S’il faut parler de vous en quelques mots ( brève présentation), que va-t-on retenir  de Monsieur Dongmo Staël ?

Je suis un jeune camerounais âgé de 29 ans, titulaire d’un diplôme d’ingénieur en froid et climatisation, passionné depuis l’enfance par tout ce qui relève du domaine de techniques industrielles.

Comment est né le projet de fabrication des déshydrateurs alimentaires made in Cameroon communément appelés séchoirs ? 

Ce projet a été pensé par mon promotionnaire TEDOM martial et moi, dans nos moments difficiles après les études universitaires. L’objectif premier était de concevoir des déshydrateurs plus performants et plus économiques en terme d’énergie, puis de les proposer en vente à des entrepreneurs œuvrant dans le séchage des fruits et légumes afin de réaliser des bénéfices.

Comment avez-vous obtenu le financement pour lancer votre entreprise ? 

Nous avons conçu notre première machine à domicile, à partir de nos économies, réalisés sur des travaux divers en tant que technicien indépendant ; Chose pas facile.

Comment avez-vous réussi à avoir vos premiers clients ?

Ceci c’est fait plusieurs mois après la fabrication de notre première machine, après de multiples prospections auprès des groupes et GIC d’entrepreneurs agricole.

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Pouvez-vous nous expliquer de manière chronologique le processus de fabrication de vos machines ? 

Pour la réalisation d’un séchoir, plusieurs feuilles de tôles sont découpées et pliées à des dimensions précises, puis assemblées sous formes de panneaux dans lesquels on introduit un isolant thermique (la laine de verre). Une fois les panneaux joints pour former la chambre de séchage, on passe à la phase de montage des appareillages : résistances chauffantes, ventilateurs, thermostat/thermomètre, bruleurs à gaz et accessoires de commande et protection électrique. Ensuite des profilés en aluminium et tôles sont découpés, perforés à la machine et assemblés pour former des plateaux de séchage. On termine avec la peinture extérieur, les réglages et les tests d’usine.

Il faut en moyenne combien d’heures pour concevoir une machine ?

En fonction de la taille du séchoir, nous avons besoin de 50 heures (5Jours) à 150 heures (15jours) de travaux pour concevoir une machine.

Vos machines bénéficient-elles aussi d’une garantie ? Si oui, quelle durée ?

Oui nos machines sont livrées avec une garantie de 6mois et un service après-vente est assuré.

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Qui sont vos fournisseurs en matériaux de fabrication ?

Des commerçants locaux en particulier : quincailleries et boutiques de vente de matériels électrique et divers

Vous êtes dans un marché qui a toujours été contrôlé par les marques étrangères, comment vous arrivez à vous démarquer avec vos machines par rapport à la concurrence ?   

Dans ce cas présent, les paramètres les plus importants à prendre en compte sont le prix des machines, leur consommation énergétique, la continuité de la fourniture en énergie électrique, et la disponibilité des pièces de rechange en cas de défaillance. Contrairement aux machines étrangères, dans la conception de nos machines, nous prenons en compte tous ces paramètres  afin d’être en phase avec les besoins locaux.

Votre clientèle est-elle essentiellement camerounaise ? 

Oui elle est essentiellement camerounaise.

Comment fonctionne la chaîne de distribution de vos machines ? 

Actuellement nous produisons encore nos machines principalement sur commande. Et nous effectuons nous-mêmes la livraison et l’installation sur le site.

Avez-vous des partenaires commerciaux qui vendent aussi vos machines ? Si oui, où peut-on les trouver ?

Non pas pour le moment. Mais nous sommes ouverts à toute offre.

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À quel rythme produisez-vous vos machines  ?

Une machine tous les quatre mois en moyenne.  

Combien de personnes travaillent sous votre direction ?

Deux personnes permanentes. Un technicien assistant, une secrétaire/community manager.

En dehors de la fabrication des déshydrateurs, avez-vous une autre activité au sein de votre entreprise ? 

Oui nous faisons également dans :

  • La conception et la réalisation des installations électriques de bâtiments
  • L’installation, la maintenance des climatiseurs et chambre froides de congélation
  • La conception et la fabrication des bacs de production de glace en bloc
  • La conception et la fabrication des refroidisseurs d’eau

Pourquoi avez-vous décidé d’entreprendre ? 

Entreprendre est la meilleure option pour atteindre une parfaite autonomie financière, vivre sa passion et créer du travail. Ce qui n’est pas toujours le cas dans notre contexte où le taux de chômage est sans cesse grandissant.

Être salarié ne vous a jamais traversé l’esprit ?

Bien sûr que oui, en particulier après mes études universitaires, je voulais travailler pour des grandes entreprises qui offraient des conditions de travail favorables (salaire mensuel et une retraite assurée). 

Depuis le début de la crise sanitaire, de nombreux entrepreneurs ont vu leurs activités chuter. C’est le cas également de votre côté ? 

Oui effectivement. Déjà nous avons lancé notre activité juste quelques temps avant le début de la crise sanitaire. Un coup très dur pour nous avec la rareté des matières premières et leurs prix sans cesse grandissant, la difficulté d’obtention de nouveaux marchés et commandes, la faillite de nombreuse PME et la situation économique chaotique des tiers et particuliers.

Nul doute que le développement de votre entreprise vous tient à cœur. Quels sont vos projets d’avenir d’abord à court terme, puis à long terme ?

En ce qui concerne nos projets futurs, nous aimerions dans un premier temps améliorer d’avantage la qualité de nos machines pour être en phase avec les normes internationales, vulgariser nos machines, encourager nos populations à consommer MADE IN CAMEROON, devenir un exemple afin d’encourager nos jeunes diplômés dans la voie de l’entrepreneuriat. Par la suite, nous souhaiterons obtenir un financement conséquent, afin d’industrialiser nos machines pour une production en série en vue de l’exportation.

Est-ce que à travers votre entreprise, d’autres jeunes peuvent venir se former pour apprendre à concevoir des déshydrateurs ? Si oui, quelles sont les conditions ?

Oui bien sûr, nous sommes ouverts à tout jeune diplômé désireux de recevoir une formation, pas seulement sur la conception des déshydrateurs, mais dans d’autres domaines relevant de notre compétence. Les modalités d’admission sont établies en fonction du niveau scolaire et des compétences de base des apprenants.

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Quel est le message que vous pouvez passer aux jeunes en tant qu’entrepreneur ?

Entreprendre en particulier au Cameroun n’est pas du tout chose facile, cela nécessite beaucoup de patience, de travail et de concentration. Mais après quelques années, et  au bout de tous ces efforts, la récompense est vraiment alléchante et on atteint facilement une belle autonomie financière. À toi jeune camerounais, à toi jeune diplômé, arrête de chercher désespérément du travail, arrête de nourrir le rêve Européen ou Américain, cible un  domaine bien précis, monte un business plan, fais-toi aider, investis-toi à fond et vis ton rêve. Tout est encore possible au Cameroun, car nous n’avons encore rien construit au regard du niveau international.

Charles Binelli

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    Kayıt Ol | Gate.io

    At the beginning, I was still puzzled. Since I read your article, I have been very impressed. It has provided a lot of innovative ideas for my thesis related to gate.io. Thank u. But I still have some doubts, can you help me? Thanks.

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