Le gouvernement camerounais vient de lancer une nouvelle campagne de sensibilisation pour la vaccination contre le Covid-19. Celle-ci intervient dans un contexte où les populations ne manifestent pas d’intérêt pour la vaccination alors que le virus continue de faire desravages selon le ministère de la santé.
C’est le flou total. Face à une grande proportion de personnes refusant de se faire vacciner, le ministère de la santé a procédé au lancement d’une nouvelle campagne de sensibilisation pour la vaccination contre la Covid-19. La campagne qui s’étendait du 7 au 11 juillet ciblait les personnes de 18 ans et plus. Celle-ci devait s’étendre gratuitement sur toutes les régions du Cameroun. Conscient du caractère urgent de la situation sanitaire, le gouvernement camerounais comptait donc sur cette nouvelle campagne pour intensifier la sensibilisation auprès de la population. Pour la réussite de cette les opérations, un numéro vert a été mis à jour pour répondre aux interrogations des usagers.
Seulement, à la suite de cet effet d’annonce, il n’y a vraiment pas eu une grande mobilisation dans les lieux aménagés pour la vaccination. Les gens ont continué à vaquer à leurs occupations quotidiennes sans toutefois se préoccuper de la campagne. On aurait dit qu’il considérait cela comme un non évènement. Une véritable claque pour les autorités camerounaises qui savent ne plus maîtriser la situation. Pourtant, lorsqu’elles recevaient en grande pompe à l’aéroport de Nsimalen un don de vaccins du laboratoire SINOPHARM en provenance de la chine.
Elle croyait avoir déjà entre les mains la solution pour protéger sa population contre la Covid-19. L’événement avait même cristallisé l’attention de toute la nation qui a suivi de très près cette actualité. Dès lors, tout laissait croire que les choses allaient suivre leur cours normal : c’est-à-dire organiser sereinement les campagnes de vaccination. Et c’est devant les médias que le ministre de la santé, Dr Manaouda Malachie avait fixé la date de lancement de la première vague de vaccination pour le 15 avril.
Aujourd’hui le constat est plutôt décevant. Selon Our WORLD DATA, à ce jour 48 658 personnes ont déjà reçu la dose complète du vaccin au Cameroun, contre 265 233 qui n’ont reçu que pour l’instant une seule dose. Avec 1330 de décès déclarés selon le ministère de la santé, la situation sanitaire des populations est très préoccupantes. Pour le représentant de l’OMS au Cameroun, le challenge c’est d’atteindre 20 millions de personnes vaccinées au niveau de l’Afrique. Cependant, une autre cargaison de vaccins est annoncée, soit 5 millions et demi de doses.
Cette fois-ci, c’est celui du laboratoire Johnson and Johnson. Mais elle ne sera livrée qu’après épuisement des anciens stocks qui sont encore disponibles. Cela risque de prendre du temps, car la réalité est tout autre, de quoi s’interroger sur la suite. Les suspicions qui planent sur l’origine de la maladie et la qualité des vaccins ont rendu la population très méfiante. Malgré l’assurance de l’OMS sur les vaccins qui sont actuellement administrés, les camerounais ont du mal à se laisser convaincre. Certaines informations relayées sur la toile sont encore venues conforter la majorité sur leur position qui est celle de ne pas se faire vacciner.
Le boycott des campagnes de vaccination au Cameroun ne date pas d’aujourd’hui. L’exemple le plus visible est celui des campagnes de vaccination contre la polio. De nombreux préjugés à propos de ce vaccin ont développé un sentiment de peur auprès de nombreux parents qui ont refusé de faire vacciner leurs enfants dès le bas âge comme le stipulent les organismes sanitaires pour faire face à la maladie. Leur entêtement à ne pas s’exécuter a rendu plusieurs enfants handicapés. Le gouvernement avait utilisé les mêmes approches en dévoilant les chiffres afin de sensibiliser la masse, mais rien n’y a fait. Certains sont restés dans leur position, pointant du doigt les cercles ésotériques à l’origine de cette pandémie qui s’attaquait aux enfants.
Le docteur Phanuel Habimana, représentant résident de l’OMS au Cameroun dans une de ses sorties, ne comprenait pas pourquoi certains pays d’Afrique Centrale à l’instar du Cameroun boudait de se faire vacciner, alors que du côté de l’Afrique de l’ouest, les pays comme le Ghana, la Côte d’Ivoire ou encore le Rwanda peinent encore à avoir un stock pour vacciner leur population. Avec la Can qui débute dans quelques mois, les autorités ont donc décidé de mettre les bouchées doubles en sollicitant le soutien des chefs religieux, les chefs des associations, les chefs traditionnels afin d’accentuer la communication autour la sensibilisation du les campagnes de vaccination contre la Covid-19. Cette autre approche portera-t-elle des résultats ?
Charles Binelli