« On a Trop Supporté » : LA FIN DU MOUVEMENT ?

En effet, c’est brillant par leur absence des salles de classes que les Seigneurs de la craie sont parvenus à capter l’attention de tout un peuple sur eux pendant plusieurs semaines.

Le mouvement OTS à l’initiative des opérations « Craie morte » et « École morte » connaîtra-t-il le même sort que le «Collectif des enseignants indignés » ? Les revendications de ce mouvement jadis muni d’une organisation impressionnante ont-elles toutes été solutionnées ? Quelles sont les raisons justifiant cette inertie observée en son sein alors qu’il amorçait une étape déterminante dans sa lutte? Constituent ainsi les questionnements auxquels ce dernier article de la série se propose d’apporter des éléments de réponses. 

En effet depuis le 21 février dernier, les enseignants du secondaire spécifiquement sont sous les feux des projecteurs suite à leurs décisions d’observer un mouvement de grève pacifique dans le but de réclamer un meilleur traitement. Jeunesse Du Mboa a donc entrepris de réaliser une série de trois articles chronologiques sur cette question. Ceci dit, le premier article du genre « Devenir enseignant au Cameroun : le parcours vers l’enfer ? revenait sur les étapes précédent l’exercice du métier d’enseignant; il s’agissait en d’autres termes de présenter toutes les informations relatives au processus devant aboutir à l’exercice de ce corps de métier au Cameroun. Le second, « OTS la tête de proue » abordait quant à lui la question de la crise des enseignants. Il est question dans ce troisième article de savoir ce qu’il en est véritablement de ce mouvement à date. 

Précédemment dans On a Trop Supporté…

Les enseignants réunis au sein du mouvement OTS expriment leur insatisfaction et indignation face à la gestion calamiteuse de leurs dossiers financiers et de carrières, ainsi qu’au silence longtemps entretenu par le Gouvernement à l’endroit de leur détresse. Leur ras le bol s’est manifesté par l’impulsion le 21 février dernier, de l’Opération “Craie morte ” marquant ainsi le début de la grève.

Au rang de leurs réclamations, 17 revendications portées à l’attention du Gouvernement camerounais. Le 09 mars dernier en guise de réaction, le président de la République sort de sa réserve et signe une note marquant son accord pour la mise en œuvre urgente des mesures financières et administratives visant à résorber cette crise qui agitait toutes les opinions du triangle national. Ces mesures étaient notamment relatives à trois principaux aspects étayés dans le second article de la série. À cet effet, le 28 mars, après cinq semaines de grève, certains enseignants du mouvement ont  jugé adéquat d’observer un repli provisoire afin de dispenser pendant deux semaines les enseignements aux élèves. Cette décision n’ayant pas fait l’unanimité au sein du mouvement a contribué à renforcer les divergences jusqu’ici dissimulées pour certaines. En effet, tandis qu’une fraction (celle épousant la philosophie intrinsèque du mouvement) militait pour l’observation de la trêve afin de « faire confiance à la bonne foi du Gouvernement » et « sauver l’école »,  une autre estimait que la grève ne devrait s’achever que lorsque l’ensemble de leurs revendications auraient été résorbées. Ces dissensions se sont rapidement installées et l’érosion jusqu’ici bénigne est rapidement devenue un caverneux ravin, fragilisant ainsi l’Opération. Malgré les efforts de médiation et de mobilisation intentés par OTS, certains enseignants ne s’identifient plus au mouvement ce qui a fortement contribué à la dispersion des rangs.  

Un clivage plus que certain 

La décision de ressusciter périodiquement la craie n’ayant pas fait l’unanimité au sein du mouvement, OTS en a pâtit en capital confiance. Le communiqué diffusé le 22 avril visant à re-mobiliser les troupes et les convaincre à l’adoption de la vision stratégique du mouvement s’est avéré être un échec total quand on réalise que ledit communiqué faisant par ailleurs office de préavis de grève a été boycotté par un nombre non négligeable d’adhérents . En effet, la seconde phase de grève baptisée Opération « École Morte » a de loin connu le succès de la première étape, ceci dans la mesure où aucune consigne de grève instruite par ce communiqué n’ait été observée mais également eu égard de l’inertie dans laquelle s’est réfugié le mouvement, resté muet depuis sa dernière communication datée du 22 avril. Aspect important relevé dans le second article, les enseignants grévistes subissent des pressions accablantes surgissant de toutes parts, le MINATD et le MINESEC leur infligeant intimidations et sanctions. Cette situation visant à installer la crainte dans l’esprit des partisans d’OTS a plutôt bien fonctionné si l’on s’en tient entre autres au fait que certains résultats d’examens officiels soient déjà disponibles.  

À ces éléments ayant favorisé la division au sein d’OTS, se joint la durée de la grève ayant essoufflé plus d’un. En effet, tandis qu’une partie proposait une grève alternée, une autre par conviction ou encore par désœuvrement proposait de n’observer de répit que lorsque toutes leurs attentes seraient solutionnées. Par ailleurs, la discorde au sujet de l’observation ou non de la trêve de mars 2022 a fortement contribué à handicaper le mouvement et enfin, le paiement des 2/3 qui résolvait le problème de la majorité. Les intérêts étant discordants, les objectifs dès lors que « la bouche de certains s’emplissait » ont connu un net clivage. 

Qu’est-ce qu’on retient ? 

La prochaine rentrée scolaire est prévue pour le mois de septembre prochain. Ne sachant pas ce qui se prépare, même si à cette période ne naîtra aucune mobilisation de grève impulsé par ce qu’il reste d’OTS, l’on ne pourra prétendre à la mort de ce mouvement piloté stratégiquement par des visages de l’ombre et qui restera dans les annales de l’histoire des manifestations pacifiques au Cameroun. En effet, c’est brillant par leur absence des salles de classes que les Seigneurs de la craie sont parvenus à capter l’attention de tout un peuple sur eux pendant plusieurs semaines. C’est pacifiquement qu’ils ont usé de moyens de pression sur un Gouvernement qui ne se laisse pas facilement dompter. Quoi qu’il en soit, il reviendrait de l’intérêt du Gouvernement camerounais de résoudre définitivement le problème de la condition des enseignants. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, un mouvement de grève pourrait ressurgir si cette crise structurelle et systémique n’est pas résolue dans son immanence.  

Danielle Nganou

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